Il y a tant à écrire et à raconter sur Montmartre et son histoire… A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, nous avons décidé de rendre hommage à celles qui ont marqué la Butte de leur empreinte, et qui ont contribué à forger sa légende. Aujourd’hui, beaucoup de places, de squares ou de rues portent leurs noms, mais on ne sait pas toujours qui elles étaient. Parcourons ensemble le Montmartre des femmes célèbres…
Louise Michel
Celle que l’on surnomma « la vierge rouge » est sans doute la figure féminine la plus illustre de Montmartre. En 1865, l’institutrice ouvrira une école rue Oudot, et prendra une part active durant la Commune, notamment en tant que présidente du comité de vigilance des citoyennes du 18e arrondissement. Elle sera déportée en Nouvelle-Calédonie en 1873, avant de revenir en France en héroïne et de continuer de militer en tant qu’anarchiste et féministe engagée. Le Square situé au pied du Sacré-Cœur porte son nom depuis 2004.
Suzanne Valadon
Montée à Paris en 1870 à l’âge de 5 ans, Suzanne Valadon passera à Montmartre presque toute sa vie. Elle y sera modèle pour les plus grands, de Toulouse-Lautrec à Renoir, avant de devenir elle-même artiste-peintre, et la première femme autorisée à exposer en 1894 à la Société Nationale des Beaux-Arts. Elle occupera de nombreux logements sur la Butte, parmi lesquels l’atelier du 12 rue Cortot, qui fait aujourd’hui partie du Musée de Montmartre. Elle mourra avenue Junot le 7 avril 1938. La place qui porte aujourd’hui son nom se situe au pied du funiculaire et de la rue Foyatier.
Yvonne Le Tac
Grande figure de la résistance, Yvonne Le Tac aura vécu la plus grande partie de son existence dans le 18e arrondissement, occupant le poste d’institutrice de l’école Ferdinand Flocon puis de directrice rue Antoinette. Arrêtée puis déportée en 1942, elle est à son retour en 1945 la doyenne des déportées résistantes. En 1968, la rue Antoinette prend le nom d’Yvonne Le Tac, ainsi que l’école de filles qu’elle dirigeait, aujourd’hui devenu collège.
Les Abbesses
Elles furent 46 à diriger l’Abbaye de Montmartre entre 1134 et 1794, vaste domaine religieux dont ne subsiste aujourd’hui que l’Eglise St-Pierre pour le haut Montmartre et la crypte du Martyrium rue Yvonne Le Tac. Parmi les plus célèbres, Adélaïde de Savoie, épouse du roi Louis VI Le Gros, fut la fondatrice de l’Abbaye et sa première abbesse. Son tombeau se trouve d’ailleurs dans l’Eglise St-Pierre. C’est à Marie de Beauvilliers que l’on doit la découverte des vestiges du lieu de martyre de Saint-Denis en 1610, et la construction de la nouvelle abbaye du bas. Quant à Marguerite de Rochechouart, elle a donné son nom au boulevard éponyme.
La Goulue – Yvette Guilbert – Mistinguett
Les trois femmes ont en commun le Moulin Rouge. Louise Weber, dite La Goulue, fut, comme Suzanne Valadon, modèle pour de nombreux peintres du quartier, avant de populariser le french cancan au Moulin Rouge. Yvette Guilbert y connaitra le succès en tant que chanteuse de café-concert en 1891. Quant à Mistinguett, elle s’y produira en tant que chanteuse avant la première Guerre Mondiale, puis y mènera la revue après sa réouverture en 1945. Elle en fut également la co-directrice. A noter qu’elle fut également la première marraine de la Fête des Vendanges en 1934.
Rachel
Née en 1821, Rachel, de son vrai nom Elizabeth Rachel Félix, fut l’une de nos plus grandes tragédiennes, parcourant le monde où elle sera applaudie comme l’ambassadrice du Théâtre Français. Sachant jouer de son image, elle fut l’une des femmes les plus célèbres de son siècle, dont la grande Sarah Bernhardt (qui se produira quelques années plus tard au Théâtre Montmartre, aujourd’hui Théâtre de l’Atelier) ne manquera pas de s’inspirer. L’histoire ne dit pas pourquoi l’avenue du Cimetière du Nord prendra le nom de Rachel en 1899, mais cette rue fait tristement partie de celles qu’un certain capitaine Paul Sézille voulait marquer d’une étoile jaune durant l’occupation, en raison des origines juives de la tragédienne.
Dalida
Née au Caire, Yolanda Gigliotti débute sa carrière en France dans les années 50 et devient très vite une star de la chanson. En 1962, elle achète une magnifique maison rue d’Orchampt, où elle vivra jusqu’à sa mort en 1987. Elle repose aujourd’hui au cimetière de Montmartre, et on peut admirer son buste sur la place qui porte son nom, à l’angle des rues de l’Abreuvoir et Girardon. Il paraît d’ailleurs que toucher les seins de Dalida porterait bonheur…
Suzanne Buisson
Militante socialiste, Suzanne Buisson s’engage très tôt dans la résistance et devient, en mars 1943, membre du bureau politique de la SFIO clandestine. Elle est arrêtée par la Gestapo en 1944, torturée puis déportée. Elle disparaît dans l’enfer des camps de concentration, et son corps ne sera jamais retrouvé. Elle a vécu au 7 rue Girardon, et c’est aujourd’hui le square situé au 7 bis qui porte son nom.
Patachou
Henriette Ragon ouvre en 1948 un salon de thé dans une ancienne pâtisserie « Le Patachou » au 13 rue du Mont-Cenis. Elle s’y produit accompagnée d’un accordéoniste et remporte assez rapidement un joli succès. Le lieu, devenu cabaret, voit se succéder de jeunes artistes tels que Jacques Brel, Georges Brassens, Charles Aznavour ou encore Claude Nougaro qui y font leurs débuts. En tant que chanteuse, elle est repérée par Jacques Canetti, le patron des Trois Baudets. Son premier album, sorti en 1951, s’appelait Montmartre. Patachou vendra le cabaret de la rue du Mont-cenis à la fin des années 60, désormais occupé par la Galerie Roussard.
Amélie Poulain
C’est peut-être aujourd’hui la montmartroise la plus connue au monde ! Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain a en effet été vu par plus de 32 millions de spectateurs à travers toute la planète, et les touristes étrangers ne passent pas par Montmartre sans demander désormais à voir le Café des Deux Moulins rue Lepic, dont une photo est prise toutes les 4 minutes, et la fameuse épicerie Collignon à l’angle des rues Androuet et des Trois Frères.