La nuit, d’étranges créatures prennent vie sur les murs de Montmartre. Fragiles et éphémères, car souvent vite recouvertes par les services de nettoyage de la Ville de Paris, elles constituent pourtant un incroyable bestiaire que les amateurs n’ont de cesse de découvrir et d’admirer. Ces bestioles chimériques sont le fruit de l’imagination de Codex Urbanus, street artiste la nuit, citoyen du monde le jour…
A en juger par son coup de crayon, on pourrait penser que Codex a derrière lui une solide formation artistique ; pourtant il n’en est rien. Issu du monde de l’entreprise, il avoue cependant avoir toujours dessiné, et il faut bien avouer que le talent ne l’a pas épargné. En homme assoiffé de liberté, il commence en 2011 à dessiner sur les murs, parce que pour lui, c’est l’illégalité qui justement donne cette liberté. En improvisant au gré de ses promenades nocturnes, il ne subit aucune contrainte, hormis celle d’échapper aux autorités. Parfois il se cache avant de pouvoir continuer son œuvre, parfois il rate ses dessins, mais quoi qu’il arrive, il prend son temps et reste libre, simplement porté par son imagination.
Car Codex Urbanus est avant tout un poète. Il avoue volontiers ne pas chercher à délivrer de message, le fait de faire de l’art dans la rue constituant à lui seul un acte de résistance. Contrairement à certains de ses « collègues » dont l’œuvre comporte de réelles revendications, chacun est libre d’interpréter les dessins de Codex comme il le ressent.
Et quand on a vraiment du talent, les choses peuvent aller très vite. En 2013, il est contacté par Le Cabinet D’Amateur, une galerie d’art contemporain située dans le 11e arrondissement de Paris, qui lui propose d’exposer quelques uns de ses dessins. Rapidement, il se voit invité dans de nombreux festivals de street-art, participe en 2014 à l’exposition Dali Fait Le Mur, et en juin dernier, un volume de la collection Opus Délits, spécialisée dans l’art urbain, lui a même été consacré. En moins de quatre ans, ce véritable autodidacte s’est ainsi fait un nom, et pas des moindres.
Si Montmartre, son quartier, reste le terrain de jeu favori de Codex, on peut aussi découvrir ses œuvres éphémères dans d’autres rues de Paris, mais également, nous l’avons dit, en galerie ; il expose ainsi régulièrement chez Akiza par exemple. Les supports sont alors différent (toiles sur fond de peinture anti-graffiti ou planches de bois entre autres), mais le talent reste le même, et on ne se lasse pas de feuilleter ce bestiaire fantasmagorique à ciel ouvert.
Alors un conseil : ouvrez l’œil en vous baladant dans le quartier !
Crédits photos : Codex Urbanus