On le sait, nombreux sont les peintres célèbres ayant vécu à Montmartre au tournant du XXe siècle, parmi lesquels les plus fréquemment cités sont sans nul doute Renoir, Toulouse Lautrec ou encore Picasso. On oublie trop souvent que Modigliani fait aussi partie de ceux qui ont forgé la légende de la bohème montmartroise, avant de rejoindre la rive gauche et le quartier de Montparnasse… Originaire de Livourne en Italie, c’est peu de temps après son arrivée à Paris en 1906 qu’Amedeo Modigliani s’installe à Montmartre, où il aura plusieurs adresses parmi lesquelles l’Impasse Girardon, le 13 rue Norvins, le 7 Place Jean-Baptiste Clément, l’Hôtel du Poirier Place Ravignan ou encore le fameux Bateau Lavoir*.
Modigliani est aujourd’hui de retour sur la Butte grâce à MODI, la pièce de Laurent Seksik, à l’affiche du Théâtre de l’Atelier. Et bien que l’action se situe à Montparnasse en 1917, il est à plusieurs reprises question de Montmartre et de son influence sur l’œuvre et la vie du peintre. Ivre d’absinthe et de plaisirs, un homme, aussi scandaleux qu’irrésistible, règne en Prince sur cette vie de Bohème : Modigliani. Le génie inclassable, aristocrate du trait d’esprit, rencontre en 1917 celle qui devient son modèle et sa muse, Jeanne Hébuterne. MODI, c’est l’histoire mythique d’un amour fou, intense jusqu’au sublime, au cœur de la Bohème, véritable phénomène artistique qui marque le tournant du XXème siècle.
Pour interpréter Modigliani, on retrouve Stéphane Guillon, un rôle à priori à contre emploi et qui pourtant était d’évidence fait pour lui tant il brûle les planches par son talent. Stéphane Guillon est indéniablement LA révélation de cette pièce, incarnant un Modigliani sans doute aussi vrai que nature, à la fois tendre, drôle, impertinent, amoureux et désespérément tourmenté. Face à lui, Sarah Biasini (notre marraine 2017 de la Fête des Vendanges de Montmartre) est Jeanne Hébuterne ; un personnage qui lui va à merveille puisque tout comme Jeanne, elle est enceinte. Son sourire et son charme naturel la rendent désarmante de justesse, et le couple Guillon/Biasini fonctionne à merveille.
Les dialogues sont truculents, et on assiste à un échange permanent de répliques aussi efficaces les unes que les autres, confrontant tour à tour Modi à sa maîtresse, Modi à sa belle-mère (magnifique Geneviève Casile) et Modi à son marchand (Didier Brice, parfait). Quant à la mise en scène (signée Didier Long), elle est tout aussi subtile, permettant de ressentir l’atmosphère parfois pesante de l’atelier du peintre, notamment grâce à un jeu d’ombre et de lumière vraiment intéressant.
Vous l’aurez compris, il faut aller voir Modi pour toutes ces raisons, mais aussi parce que la pièce aborde le sujet délicat du statut d’artiste et de ses dérives, ainsi que d’un point de vue historique, le racisme et l’antisémitisme, largement pointés du doigt. Enfin, quand bien même vous puissiez ne pas apprécier l’humoriste Stéphane Guillon, vous découvrirez sur scène un très grand comédien.
ou par téléphone au 01 46 06 49 24
(34€ au lieu de 44€ en catégorie 1 avec le code VOISIN)
*Source : Dictionnaire des peintres à Montmartre – André Roussard
Crédit photos : Lot