Sur rendez-vous, Zélia crée des robes de mariées qui font rêver et des tabliers ultra stylés !
✨ Les robes de mariées ▶︎ zelia.net
✨ Les tabliers ▶︎ zezettebymontmartre.com
– LE POINT DE VUE DE LA RÉDAC’ –
Quiconque ayant déjà emprunté la rue d’Orsel entre la rue des Martyrs et la Place Charles Dullin aura forcément remarqué la boutique toute de bleue vêtue Sur la Terre Comme Au Ciel. Derrière ce nom poétique et cette jolie devanture se cache Zélia, créatrice de robes de mariées et de rêve. Enfin… Quand on dit se cache, c’est façon de parler, car Zélia possède une personnalité hors norme.
Dernière d’une fratrie de 7 enfants, Zélia naît en Picardie et grandit à la campagne dans une famille très modeste. Mais la petite fille s’ennuie ferme et se passionne très tôt pour la lecture et le tricot. C’est une bonne élève, et grâce à l’école, elle découvre la musique et le monde de la culture. Bac en poche, elle décide sur un coup de tête de s’installer à Paris : “Je ne savais pas trop ce que j’allais faire, j’avais exercé plein de petits boulots, j’aurais pu peindre ou écrire, la seule chose dont j’étais certaine, c’est que je voulais m’en sortir”.
Elle suit un garçon pas très fréquentable, finit par le quitter, se cherche, passe par la Provence puis s’installe Square Carpeaux dans une chambre de bonne et s’inscrit dans une fac de droit qu’elle quitte au bout de 3 mois. Mais ce qu’on n’a pas dit, c’est que depuis gamine, elle s’amuse à customiser les vêtements et à se créer des looks : “On n’avait pas beaucoup d’argent, mais on était toujours super bien habillés”. De son enfance à la campagne, elle garde une admiration pour le travail artisanal ; son audace et surtout son talent feront le reste. Car Zélia n’a pas froid aux yeux, et elle a de l’ambition. Elle commence à fréquenter le milieu du rock et du hip-hop, et certains artistes lui demandent de les relooker.
De la musique au cinéma, il n’y avait qu’un pas qu’elle franchit le jour où Eric Rochant lui demande de créer les costumes de son premier film, Un Monde Sans Pitié. Du jour au lendemain, elle se retrouve propulsée dans ce milieu, enchaîne les rencontres, travaille sur d’autres films, des comédies musicales, des ballets… Ça lui plaît, mais pas tant que ça ! Et puis Zélia est amoureuse et se marie. Mais l’heureux élu est comédien, et la jeune femme vit mal la notoriété de son époux. Entre un statut qui ne lui convient qu’à moitié et un mari un peu volage, elle continue d’inventer des looks chez elle. Jusqu’au jour où elle entend parler d’une boutique rue d’Orsel qui recherche des créatrices. Elle se présente, sympathise avec la propriétaire, s’associe avec elle et finit par rester seule à la tête de la boutique.
C’est là qu’elle a le déclic : “J’étais très très amoureuse de mon mari et je portais des robes de princesse. Et comme je suis une grande romantique, je me suis dit que j’allais habiller les mariées en devenant officiellement créatrice de robes de rêve”. Dès lors tout s’enchaine. Elle court de plateau télé en plateau télé pour parler de ses créations, enchaîne les collaborations, habille des femmes dont elle aurait aimé faire le métier, organise, entre autre, un défilé des mille et unes mariées à Montmartre, ouvre une boutique au Palais Royal puis une autre à Moscou. Bref, elle devient incontournable et elle s’éclate.
Son approche féministe et avant-gardiste permettent à Zélia d’imaginer des robes qui reflètent la personnalité de chaque mariée, sans la déguiser : tu te maries comme tu es, comme tu veux ! Ce qui l’intéresse, c’est la poésie, la beauté, surtout pas les tendances. Elle travaille comme « ostéopathe de la mode », scannant le corps de ses clientes pour privilégier le confort et le mouvement, posant des questions sur leur histoire et leurs désirs pour créer des robes uniques qui racontent une histoire, véritables costumes de scène pour le grand jour.
Mais ce qui commençait à ressembler à un vrai conte de fées finit par virer au cauchemar. Ambitieuse sans être gourmande, Zélia se définit comme “une couturière du dimanche pour qui c’est tous les jours dimanche”, et quand elle voit un bout de tissu, elle sait tout de suite ce qu’elle va en faire. Mais quand il s’agit de diriger des boutiques, des équipes, bref, une véritable entreprise, c’est une autre histoire qui visiblement n’était pas la sienne. Elle décide alors de réduire la voilure, ferme Moscou et le Palais Royal pour retrouver ses racines montmartroises et réécrire une nouvelle histoire qui lui ressemble plus.
Véritable incarnation de l’artisan moderne, elle va de fil en aiguille faire de nouvelles rencontres qui l’amènent à réfléchir autour d’un vêtement qui symboliserait cet artisanat ; un vêtement sans taille, qui convienne à tout le monde et qui ne soit pas compliqué à réaliser. Et quoi de mieux que le tablier, surtout quand on possède des centaines voire des milliers de chutes de tissus ? “Je me suis inspirée du tablier des paysans pour faire des tabliers dépaysants”. Et si ses robes continuent de faire rêver, elle avait aussi envie de s’adresser à un autre public en proposant un produit accessible, quelque chose qu’on puisse facilement offrir ou ramener chez soi quand on habite à l’autre bout du monde. Pour lancer sa marque, Zézette by Montmartre, elle réunit ses copains artistes, parmi lesquels Didier Lockwood, Patricia Petitbon, Pierre Santini, Rachid Taha, Axel Bauer et son grand ami Michou pour un défilé haut en couleur malgré la pluie. Depuis, de nombreux professionnels de la restauration lui ont confié la création de leurs tabliers, que vous reconnaitrez entre autre chez Pain Pain ou à La Mascotte.
Aujourd’hui, Zélia a l’air vraiment heureuse. Après 40 ans de carrière, 50 000 robes (toutes uniques) et plus de 10 000 tabliers vendus, elle continue de créer inlassablement presque une robe par jour. “J’ai la chance de posséder une collection de tissus achetés dans les années 90. Je travaille avec mes archives, je prépare régulièrement des paquets de tissus et ensuite, c’est comme un exercice de style, à moi d’en faire quelque chose !” Et ce quelque chose est toujours incroyable et sublime. Ne vous reste qu’à (re)passer par la rue d’Orsel pour vous en rendre compte.