Dévaler la Butte jusqu’à Jules Joffrin fait partie de ces moments qu’on savoure comme un bonbon qui fond sous la langue. Surtout si c’est pour se rendre Chez Tazarka, la nouvelle adresse pépite de la rue Letort, qui fait traverser tous les fans de déco côté impair.
Darine et Kévin habitent le quartier depuis toujours, achètent leurs fruits et légumes chez Racines et refont le monde au Rouge aux lèvres, tenu par le beau-frère de Darine. C’est tout naturellement donc, qu’ils décidèrent il y a un an d’y ouvrir leur boutique de décoration : Tazarka. Un nom magique qui rend hommage à la ville du père de Darine et à sa maison d’hôte, paradis terrestre entre mer et montagne où le couple et leurs enfants se réfugient chaque été, la tête dans les olives. C’est là-bas, au plus près des siens, sous le soleil de Tunisie, que tout a commencé. Ou plutôt que leur projet a pris tout son sens. Leur amour pour les matières naturelles, les objets fait-main et les jolies rencontres les poussent à quitter leurs postes respectifs et à se lancer dans le commerce de l’artisanat. Kévin a l’œil masculin, se passionne pour le bois et son rayon à lui, c’est les tapis. Darine fonctionne plus au coup de cœur et s’éprend d’objets qui lui procurent des sentiments inexpliqués. Nourris de leurs nombreux voyages et d’une année passée en Syrie, ils suivent leur intuition et décident de se faire confiance.
Démarre alors cette folle entreprise de sourcer des pièces d’artisanat méditerranéen avec la volonté de bousculer l’idée que s’en font les gens. Et c’est tout un métier qu’il faut réapprendre. Viendra alors la rencontre avec Laurence Touitou, designer et amoureuse des savoir-faire tunisiens, grâce à laquelle ils obtiennent leurs premiers contacts. S’enchaînent des semaines de rencontres avec les créateurs, pour observer, dénicher, discuter, négocier et se prendre au jeu. Définitivement.
Les bras chargés d’idées, de témoignages et d’envies de valoriser de belles initiatives, ils inaugurent leur comptoir méditerranéen en novembre 2021. Une boutique d’où on repartirait avec absolument tout, mais qu’il est difficile de quitter. Parce qu’on y est accueilli avec douceur et que chaque objet a une histoire qui mérite d’être racontée. On y trouve des pièces de designers comme les lampes Rock the Kasbah, mais aussi des poteries réalisées par les artisans d’un village du fin fond de la Tunisie, en passant par les céramiques de Monia Rassâa, qui réinvente la faïence avec talent. Travailler au coup de cœur prend du temps, mais le résultat vaut le détour : Tazarka procure des émotions. La boutique rassemble les cultures pour créer un art de vie inspirant, avec des objets singuliers, créés dans des pays qui sont avant tout voisins : la Tunisie bien sûr, mais aussi le Maroc, l’Égypte, la Grèce, le Portugal et même à Marseille, capitale dorée de la Méditerranée.
Dans la boutique, chaque pièce est mise en lumière par la très jolie collaboration avec Charlotte Vinet, architecte d’intérieur qui habite elle aussi, dans le quartier. Les niches accueillent des verreries soufflées-bouche, des vases aux courbes terracotta, de la vaisselle Casa Cubista, des lampes en raphia, des rideaux à pompons et des foutas… Mais aussi du petit mobilier comme les tabourets Beldi tissés avec du bois de citronnier et des commodes en madrier. Le style est ethnique, chic, on pourrait même dire bohème, pour mieux réchauffer les cœurs et habiller les intérieurs. Pour apporter plus de sens à la manière de consommer, Darine et Kévin passent par l’échange. Ils nous détaillent la différence entre la laine épaisse d’un tapis Beni Ouarain et les motifs géométriques colorés de sa version tunisienne. Nous font découvrir des poteries modelées par les femmes de Sejnane en Tunisie, dont la technique ancestrale se transmet de mères en filles ; et est aujourd’hui reconnue patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Restez prendre un thé, c’est votre nouveau QG pour faire voyager votre coeur et votre esprit. Non sans rentrer chez vous avec cette petite touche d’ailleurs, qu’on ne trouve nulle part ailleurs.