Si tout le monde connaît Marcel Aymé pour avoir au moins étudié l’une de ses œuvres en classe, plus rares sont ceux qui savent qu’il fut un vrai montmartrois. Né à Joigny dans l’Yonne en 1902, il passe son enfance dans le Jura avant de monter à Paris, et s’installe à Montmartre en 1930, quartier qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort en 1967.
La première adresse de Marcel Aymé dans le quartier fut celle du 9 Square Carpeaux, au 8e étage d’un bel immeuble neuf, où il restera trois ans avant de grimper plus haut, au 9 ter rue Paul Féval. Il vivra dans cet appartement avec son épouse Marie-Antoinette et y écrira l’essentiel de son œuvre jusqu’en 1963, année durant laquelle il emménage au 26 rue Norvins, aujourd’hui n°2 de la place qui porte son nom, où l’on peut voir la statue du Passe-Muraille sculptée par Jean Marais en 1989. Il repose désormais au cimetière Saint-Vincent, à quelques mètres de la rue Paul Féval et non loin de son ami Gen Paul.
En véritable piéton de Montmartre, Marcel Aymé arpentait les rues du quartier et avait ses habitudes dans de nombreux cafés et restaurants, où il ne buvait que de l’eau, ou plus exactement un quart de Vichy fraise. Au Rêve (89 rue Caulaincourt) fut sans doute l’un de ses favoris, et il devint même le tuteur de sa patronne, Eliette Segard-Planchon, à la mort des parents de la jeune fille en 1964. Dans Le Passe-Muraille, c’est au Rêve qu’a lieu l’arrestation de Dutilleul. On retrouve Le Rêve dans le roman La Belle Image, ainsi que le mythique Chez Manière, aujourd’hui Le Cépage Montmartrois (65 rue Caulaincourt).
Parmi les lieux les plus connus, Marcel Aymé se rendait régulièrement au Lapin Agile, où il situe l’une de ses nouvelles, Marie-Jésus, mais également à La Pomponnette (42 rue Lepic), au Clairon des Chasseurs (3 Place du Tertre) où il venait jouer à la belote avec ses amis, au Sabot Rouge (anciennement La Potinière, 13 Place de Tertre) où il faisait des parties de dominos endiablées, ou encore au Relais (48 rue Lamarck) où il jouait au 421.
On peut également citer Le Pichet du Tertre (aujourd’hui Starbucks Coffee –sic !- 8-10 rue Norvins), L’Assommoir (12 rue Girardon), La Divette du Moulin (aujourd’hui Le Coq Rico, 98 rue Lepic) où l’épouse de Marcel déjeunait souvent juste en dessous de l’appartement de Louis-Ferdinand Céline, Chez Barbe (8 rue du Mont-Cenis), véritable institution dans les années 60, L’Epicerie (11 rue du Mont-Cenis) dont les voisins servirent de modèle pour La Traversée de Paris, ou encore Chez Pomme (aujourd’hui Tentazioni, 86 bis rue Lepic), dont Marcel Aymé parle dans sa nouvelle Avenue Junot.
Un grand nombre des romans et autres nouvelles de Marcel Aymé se déroulent sur la Butte, où l’on croise également plusieurs personnages ayant réellement existé, parmi lesquels Gen Paul, dont l’atelier où avait lieu le dimanche la « messe chez Gégène » est entre autre décrit dans la nouvelle Avenue Junot. La rue Lepic est très présente dans l’œuvre de l’écrivain, tout comme la rue Tholozé, où vit Martin, le héros du Temps Mort, à l’emplacement de l’Hôtel Littéraire Marcel Aymé, et où le Passe-Muraille tombe amoureux de sa belle. L’Avenue Junot a donné son nom à une nouvelle, tandis que la rue Caulaincourt, que l’on retrouve dans La Traversée de Paris et Le Passe-Muraille, est ainsi évoquée dans La Belle Image : « La rue Caulaincourt, qui décrit une courbe au flanc de Montmartre, est la plus belle de Paris. Elle ressemble à un chemin de paradis, car elle part d’un cimetière, le cimetière Montmartre, et monte vers le ciel en tournant« .
La balade dans le quartier se prolonge rue Saint-Vincent, où se situe l’atelier du peintre Lafleur dans la nouvelle La Bonne Peinture, rue des Saules, rue de l’Abreuvoir où vivent Sabine et son mari dans Les Sabines, ainsi que rue du Chevalier-de-la-Barre et rue Saint-Rustique dans le même roman, rue Lamarck, où vit le héros de la nouvelle Le Décret, rue Norvins, où le Passe-Muraille retrouvait secrètement sa maîtresse et finit prisonnier dans un mur, rue Berthe, rue du Mont-Cenis, rue Nicolet, rue Bachelet, rue Ramey, rue Gabrielle, où réside Duperrier, « le meilleur chrétien de la rue Gabrielle et de tout Montmartre » dans la nouvelle La Grâce, rue des Trois-Frères, citée à deux ou trois reprises dans Le Vaurien, sans oublier la rue d’Orchampt et son fameux N°76 bis (qui n’existe pas), adresse de Dutilleul dans Le Passe-Muraille.
Pour prolonger l’expérience, vous pouvez vous procurer le superbe plan littéraire créé pour l’Hôtel Littéraire Marcel Aymé par Hélène Montjean, conseillère littéraire, et la graphiste Ursula Held, et mis à disposition sur place, ou le télécharger à l’adresse suivante https://plans.hotelslitteraires.fr/ayme/ et ainsi partir vous aussi sur les pas de Marcel Aymé à Montmartre ; de quoi vous donner envie de lire ou relire son oeuvre !