Bien qu’on associe spontanément Claude Nougaro à la ville de Toulouse, Montmartre occupe une place particulière dans l’histoire du chanteur. En effet, non seulement il y a fait ses débuts, mais il y a également vécu durant de nombreuses années, tandis qu’une place porte désormais son nom. Il est donc temps de partir sur les pas de Claude Nougaro à Montmartre.
Né à Toulouse en 1929 où il passe son enfance, il est élevé par ses grands-parents tandis que ses parents, respectivement pianiste et chanteur lyrique, parcourent l’Europe avant de venir s’installer à Paris. En 1943, il est inscrit en 6e au lycée Rollin (aujourd’hui lycée Jacques Decour), mais il faudra attendre le début des années 50 pour que Claude Nougaro ne vienne définitivement vivre à Paris. Bien qu’il traine régulièrement du côté de Saint-Germain des Prés, c’est au Lapin Agile, que fréquentait son père Pierre, qu’il récite ses premiers poèmes : « J’écris des poèmes et comme mon père m’avait dit qu’au Lapin Agile, on écoutait encore la poésie, j’ai eu l’idée de me présenter ».
Claude Nougaro au Lapin Agile en 1956 – Archives personnelles famille Thomas – Tous droits réservés
Très vite, il se lie d’amitié avec Paulo, le propriétaire du cabaret, son épouse, Simone Darle et leur fils Yves, au point que la famille le loge durant dans trois ans au 26 rue des Saules. Dès 1955, il chante ses premières chansons au Lapin, accompagné par le pianiste du lieu. C’est ainsi qu’il y enregistrera sa première chanson, « Direction Vénus » en 1957, et y créera en 1958 « Il y avait une ville », figurant sur son premier 45 tours sorti un an plus tard. Mais sa carrière peine à décoller, jusqu’à sa rencontre en 1962 avec Jacques Canetti, patron des Trois Baudets et directeur artistique chez Philips. En 1963, il enregistre « Cécile ma fille », sublime déclaration au fruit de ses amours avec Sylvie, sa femme, rencontrée quelques années plus tôt… au Lapin Agile !
Il faudra ensuite attendre les années 70 pour que Claude Nougaro ne revienne poser ses valises non loin du cabaret, avenue Junot. Au numéro 28, il achète une splendide maison, aujourd’hui inscrite aux monuments historiques, construite en 1927 pour le sculpteur Louis Lejeune par Adolphe Tiers, architecte entre autres de la cité Montmartre Aux Artistes rue Ordener. Nougaro y vivra jusqu’en 1987, année où, suite à la rupture de son contrat avec sa maison de disques, il devra, à contre-cœur se séparer de sa demeure montmartroise et partira chercher l’inspiration à New York.
La maison de Claude Nougaro avenue Junot et son autre entrée rue Simon Dereure.
Ironie du sort, il en reviendra « gonflé à bloc » avec ce qui sera son plus gros succès commercial, Nougayork, mais ne pourra jamais récupérer la maison qu’il aimait tant, celle-ci ayant entre temps trouvé de nouveaux acquéreurs. Ce qui ne l’empêchera pas de revenir régulièrement voir son fidèle ami Yves Mathieu au Lapin Agile, un lieu qu’il qualifiait de « coffre-fort de l’éternité ».
L’avant-dernière adresse du chanteur à Montmartre fut celle de sa maison d’édition, Les Editions du Chiffre 9, au 14 rue André del Sarte. Enfin, depuis, le 28 novembre 2019, la place située en bas de l’avenue Junot, au croisement avec la rue Caulaincourt, porte le nom du toulousain.
Nougaro est aujourd’hui de retour à Montmartre grâce à Grégory Montel qui incarne, aux côtés du musicien Lionel Suarez, un acteur fasciné par l’artiste dont il est le sosie et qu’il rêve d’incarner au cinéma. Le spectacle « Ici Nougaro », qui explore l’univers du poète au travers d’une évocation passionnée de son œuvre, est une vraie performance, à découvrir jusqu’au 23 avril au Théâtre de l’Atelier.