Marine et Constance, fondatrices du Studio Yzé, partagent bien plus qu’une passion pour l’architecture et le design d’intérieur. Originaires de Bretagne, elles font toutes les deux leurs études dans le 6e arrondissement de Paris avant de se rencontrer à Montmartre en 2018. Ce quartier, qu’elles considèrent comme un refuge, sorte de boudoir urbain, est devenu le berceau de leur studio, dont le nom fait référence à la ville engloutie d’Ys, issue de la mythologie bretonne. Rencontre avec deux jeunes femmes inspirées et inspirantes.
D’abord, il y a Montmartre. Après ses études, Marine découvre le quartier et s’installe rue Girardon : “le côté campagne de la Butte me semblait un bon compromis pour apprivoiser Paris”. Un peu plus tard, elle déménage rue Puget, avant de remonter rue Gabrielle. Constance habitait quant à elle, du côté de Trinité avant de déménager rue Berthe. Il était donc naturel qu’elles décident d’installer leur premier studio sur la Butte, précisément rue Saint-Vincent ; une localisation qui, elles en sont certaines, influence leur vision de l’architecture pour envisager les espaces comme des lieux intimes, confidentiels, à l’image du quartier qui les inspire tant.
Ensuite, il y a leur métier. Parfaitement complémentaires, Marine, est l’architecte d’intérieur et la designer du duo, tandis que Constance est elle architecte HMONP. Cette double casquette leur permet d’aborder de multiples projets, depuis la simple rénovation d’appartement à la réalisation d’extensions ou de surélévations, ou encore la conception de boutiques ou de restaurants. Leur travail se distingue par une approche sensible à la matière, valorisant le bois, le tissu ou le métal forgé par exemple. Leur philosophie repose sur « l’éloge de l’ombre », préférant partir d’une boîte noire pour sculpter la lumière au fil des projets. Cette recherche de contrastes confère à leurs réalisations une ambiance feutrée, noble et apaisante, un univers qu’elles aiment qualifier de “sourd”. Pour autant, pas question d’imposer leur style au client. Leur proposition stylistique reste forte, mais leur souci du sur-mesure leur permet surtout d’adapter leur savoir-faire aux désirs de chacun.
Parmi leurs réalisations marquantes, un ancien atelier d’artiste dans une résidence historique avenue Junot, repensé comme une chambre d’hôtel selon les souhaits des propriétaires. Actuellement, c’est un projet de joaillerie, toujours dans le quartier, qui les occupe ; un lieu qu’elles devraient pouvoir nous faire découvrir prochainement. Quant à leur rêve, ce serait maintenant de concevoir un hôtel, idéalement sur la Butte. Un hôtel qu’elles pourraient même entièrement meubler, puisqu’en plus du studio d’architecture, Constance et Marine ont créé “Fragments d’Yzé”, une collection de mobilier aujourd’hui distribuée en galerie.
Et finalement Montmartre dans tout ça ? Quand on les “branche” sur le sujet, elles se montrent intarissables ! “Montmartre est comme un boudoir. Quand on quitte le quartier, dès qu’on revient, on se sent à la maison, en sécurité. C’est beau tout le temps, même quand il pleut. Chacun y est anonyme et pourtant tout le monde se connaît. Quand on est là haut, Paris semble tout petit, ce qui offre une prise de recul permanente. C’est un quartier qui permet de se projeter, où règne un véritable équilibre architectural qui autorise à exister”. Leurs adresses fétiches ? Café Tabac, Chez Camille et la céramiste Laure Pollet rue Ravignan, La Boîte aux Lettres rue Lepic, l’Hôtel Particulier avenue Junot, la galerie Christine Diegoni rue d’Orsel, et surtout le cinéma Studio 28, qu’elles fréquentent autant pour sa programmation que pour son café planqué. Des lieux chargés d’histoire et d’authenticité, à l’image de leur travail et au service de leur créativité.
Photos : Studio Brinth