Elles font partie de notre quotidien, on passe devant tous les jours ou presque, mais que sait-on vraiment d’elles ? Elles, ce sont les statues de Montmartre, qui pour la plupart rendent hommage aux figures historiques et légendaires de la Butte.
Il s’agit sans doute de la statue la plus insolite du quartier. Mais qui est donc cet homme qui traverse ainsi le mur de la Place Marcel Aymé ? Vous aurez sans doute reconnu monsieur Dutilleul, le héros de la nouvelle éponyme écrite par l’auteur qui vécut à deux pas rue Norvins. Inaugurée en 1989, on doit cette œuvre en Bronze à l’acteur Jean Marais.
Inauguré en 1997 à l’occasion du 10e anniversaire de sa disparition, le buste en bronze réalisé par le sculpteur Aslan rend hommage à la célèbre chanteuse qui vécut durant de nombreuses années dans le quartier. Aslan, de son vrai nom Alain Gourdon, est surtout connu pour ses pin-up réalisées pour le magazine LUI, ainsi que pour ses bustes de Marianne (Brigitte Bardot et Mireille Mathieu). Nul se s’étonnera dès lors des formes généreuses de la statue attirant les curieux et autres fans de l’artiste, puisque caresser les seins de Dalida porterait bonheur…
François Jean Lefebvre de la Barre est entré dans l’histoire en 1766, année où il fut décapité puis jeté au bûcher pour avoir refusé de saluer une procession religieuse à Abbeville. En 1905, une première statue est érigée à son effigie devant le Sacré Cœur, puis déplacée en 1926 dans le square Nadar. Fondue en 1941 sous l’occupation, son socle restera vide jusqu’en 2001, date à laquelle est inaugurée la nouvelle statue du Chevalier, payée par souscription. Alors que la première statue représentait le Chevalier supplicié, celle que l’on peut voir désormais représente le sieur de la Barre souriant et chapoté !
Bien qu’elle en impose par ses dimensions, rares sont les montmartrois qui remarquent encore cette statue d’Eugène Carrière à l’entrée de l’avenue Junot. Inaugurée en 1936 et fondue six ans plus tard sous le régime de Vichy, tout comme la statue du Chevalier de la Barre, on doit l’actuelle statue en pierre datant de 1959 à Jean-René Carrière, son fils. Eugène Carrière, peintre, est principalement connu pour ses portraits d’écrivains, dont celui de Paul Verlaine, mais également pour son engagement politique, ce qui explique l’attachement des montmartrois à l’artiste, dont l’atelier se situait Villa des Arts, rue Hégésippe Moreau.
Caché dans le petit square Joël Le Tac, en face de l’école Constantin Pecqueur, le monument à Steinlen rend hommage à l’un des plus célèbres artistes de la Butte. Les montmartrois créèrent ainsi un comité pour honorer sa mémoire et ériger un monument sur cette place qu’il fréquenta beaucoup à la fin de sa vie. Inauguré en 1936, la même année que la statue d’Eugène Carrière située à quelques mètres à peine, le monument avec la fontaine fut conçu par l’architecte Thiery, mais l’on doit la statue de pierre à Paul Vannier, dont l’atelier était situé dans la Cité Montmartre Aux Artistes. La statue représente un couple s’embrassant, surmontant une série de bas-reliefs en bronze ainsi qu’une tête de lion, alors que Steinlen était connu pour sa passion pour les chats…
C’est certainement la statue la plus connue des enfants de la Butte, puisqu’elle se situe dans le Square Suzanne Buisson, et que les petits se demandent qui peut bien être ce personnage portant sa tête dans ses mains. La légende raconte que Saint Denis, premier évêque de Paris, aurait été décapité au 3e siècle par les romains à Montmartre, et qu’il aurait marché jusqu’à son lieu de sépulture, actuelle ville de Saint-Denis, avec la tête entre les mains, après l’avoir lavée à l’emplacement de la fontaine. Celle-ci, qui porte le nom de Suzanne Buisson, fut inaugurée en 1941 et réalisée, tout comme la statue, par Fernand Guignier, peintre et sculpteur montmartrois.
Inauguré le 27 octobre 2012, le buste en bronze réalisé par Agnès Rispal rend hommage à Francisque Poulbot, figure incontournable de la Butte et père des p’tits poulbots. On peut découvrir sa statue dans les jardins du Musée de Montmartre.