Voici un endroit dont peut-être beaucoup d’entre vous n’ont jamais entendu parler… A votre décharge, il ne se situe « techniquement » pas à Montmartre, et pas non plus dans le 18e mais bien dans le 9e arrondissement. Pourtant, seul le boulevard Rochechouart sépare le Phono Museum de la Butte, alors on ne va pas chipoter, d’autant que l’endroit vaut sérieusement le détour.
Le Phono Museum a ouvert ses portes en septembre 2014, à l’initiative de l’association « Phonoplanète – la grande aventure du son enregistré », animée par quelques passionnés dans le but de faire découvrir au grand public l’extraordinaire richesse du patrimoine lié aux « machines parlantes ». Car si aujourd’hui, l’enregistrement du son est accessible à tous et fait partie de notre quotidien, c’était loin d’être le cas il y a encore un siècle. Le choix du lieu ne s’est pas fait par hasard, puisque le musée jouxte la Phonogalerie, un lieu unique dans Paris dédié à la vente, à la location mais aussi et surtout à la réparation d’objets liés à la reproduction sonore et à l’histoire de la musique.
A sa tête, Jalal Aro, véritable encyclopédie vivante de l’histoire de la musique enregistrée et spécialiste aujourd’hui mondialement reconnu dans son domaine ; quand on pense qu’il se destinait à une carrière de prothésiste dentaire, on comprend à quel point quand on est vraiment passionné, on peut y arriver ! Tout commence en effet par l’achat, presque par hasard, d’un premier phonographe, point de départ d’une collection qui le conduira à vouloir en faire sa profession. Ainsi en 2004, désireux de partager sa passion avec le plus grand nombre, il installe sa Phonogalerie pile poil entre Montmartre et Pigalle, haut lieu dans l’histoire du café-concert et de la musique.
Bien qu’assez grand, l’endroit ressemble plus à une caverne d’Ali Baba qu’autre chose, si bien que dix ans plus tard, lorsque l’opportunité de pouvoir exposer ses trésors dans un espace digne de ce nom juste à côté se présente, Jalal saute sur l’occasion et ouvre le Phono Museum.
La richesse de la collection est tout simplement impressionnante. On y découvre des appareils uniques ayant une vraie valeur historique, comme les premiers appareils à cylindre ou la poupée parlante de Thomas Edison. Plus de 250 pièces, toutes en état de fonctionnement, sont exposées, du phonographe au walkman en passant par le mange-disques ou l’électrophone Teppaz.
Le Phono Museum est un musée bien vivant, et toutes les visites sont accompagnées et sonorisées. On peut essayer toutes les machines, et les bénévoles qui animent ces visites, tous passionnés et experts, s’adaptent aux visiteurs en fonction de leur âge ou de leurs goûts. Nous on vous le dit, on est restés scotchés devant tous ces trésors.
La très mauvaise nouvelle, c’est qu’aujourd’hui, le Phono Museum est menacé de fermeture. En effet, la demande de subvention faite à la Ville de Paris pour aider au fonctionnement du lieu reste malheureusement sans réponse à ce jour, et le lieu ne peut, pour fonctionner, vivre que des seules entrées, de gros travaux ayant été réalisés pour mettre en valeur ce patrimoine exceptionnel. L’association qui gère le Phono Museum se trouve dès lors dans une situation financière délicate, et si une solution n’est pas rapidement trouvée, le musée devra tout simplement fermer.
Une campagne de financement participatif a été lancée sur le site http://fr.ulule.com/phonomuseum/. On vous laisse découvrir les nombreuses contreparties proposées, mais on vous invite aussi à aller visiter cet endroit absolument incroyable ; vous comprendrez alors notre enthousiasme à vouloir tenter de sauver ce musée vraiment unique.