A l’occasion du centenaire de l’Armistice de 1918, la Mairie du 18e organise plusieurs événements pour commémorer la fin de la première guerre mondiale, avec pour point d’orgue l’exposition « Paris, de la Guerre à la Paix » présentée jusqu’au 20 novembre dans le hall de la mairie Place Jules Joffrin.
Quelques 80 journaux français tous originaux, issus de la collection privée du journaliste et écrivain Alberto Toscano, vous plongeront dans la réalité d’il y a exactement 100 ans par une formidable « machine à remonter le temps ». En parallèle, des dessins d’écoliers de l’école Saint-Isaure conservés au Musée de Montmartre (Collection Le Vieux Montmartre), viendront compléter ces coupures de journaux.
Ces dessins, dont une trentaine d’originaux sont exposés jusqu’à la fin du mois de janvier au Musée de Montmartre, constituent un témoignage exceptionnel de ce que furent les années de guerre sur la Butte.
En 1914, alors que vient de débuter la Grande Guerre monsieur Hutpin, secrétaire de la société d’Histoire et d’Archéologie « Le Vieux Montmartre » et instituteur, demande aux enfants des écoles de la rue Lepic et de la rue Sainte-Isaure d’illustrer leur quotidien durant le conflit. Les jeunes élèves alors âgés de 8 à 13 ans vont ainsi produire plusieurs centaines de dessins, entre 1914 et 1918.
Entrés dans les collections de la Société d’Histoire et d’Archéologie Le Vieux Montmartre et de son Musée, les dessins constituent aujourd’hui une précieuse chronique de guerre, unique en son genre, par la quantité des dessins conservés (environ 1300), par leur qualité et par leur excellent état de conservation.
Dans le même temps, les enfants ont été invités à produire des rédactions sur des sujets liés à l’actualité de cette guerre et aux problèmes du quotidien qu’elle engendrait : rationnement, trahison, afflux des blessés, absence du père ou du grand frère…
Si le discours officiel et patriotique est très sensible dans les dessins comme dans les textes, la réalité quotidienne de ces petits Montmartrois y est, elle aussi, toujours bien présente. Les décors sont les rues du XVIIIème arrondissement, leurs commerces, leur tramway et leur cinéma où l’on vient voir les actualités du front de Verdun ou du Plateau de Craonne.
« Petits soldats de l’arrière » ces enfants se perçoivent déjà comme les héros de demain, leurs jeux reconstituent une guerre pour de faux, organisée dans le maquis, cette zone non bâtie du sommet de la Butte, première ligne de front de ces petits poulbots.
En effet, la référence au père des gosses montmartrois est évidente. Ses dessins pour la presse de guerre, sont repris et adaptés par les enfants, il est aussi le sujet de certaines autres compositions.
Ce fonds unique sera présenté à travers une vingtaine de panneaux développant les grands thèmes qui occupent les esprits durant le conflit. Ils apportent un éclairage sur le contenu du discours de propagande auquel étaient exposés les enfants. C’est en effet toute une vision de la pédagogie et de l’éducation d’une part et l’incroyable propagande anti-germanique d’autre part qui sont à l’œuvre dans ces dessins scolaires.
Les panneaux présentent donc les dessins et des objets ou des documents de guerre sur lesquels les enfants ont souvent appuyé leurs compositions.
Le vernissage de l’exposition aura lieu samedi 11 novembre, juste après la commémoration officielle de l’Armistice prévue pour 16h. L’après-midi se terminera avec un oratorio « L’homme qui titubait dans la guerre » d’Isabelle Aboulker, par le choeur Ado dièse, solistes Sabianka Benscik et Nicolas Stefanovicz, direction Claire Dagnicourt, piano Alexis Lambert.
© Le Vieux Montmartre