Après le succès remporté au Théâtre de la Madeleine en 2012, Catherine Frot reprend en ce moment le rôle de Winnie dans « Oh les beaux jours » de Samuel Beckett au Théâtre de l’Atelier. Ce sont donc 60 représentations exceptionnelles qui auront lieu jusqu’au 1er juin dans l’un des plus beaux théâtre de la Butte.
La pièce, créée en 1961 à New York, puis en France en 1963, fait partie des textes que beaucoup de comédiennes rêvent d’interpréter. La carrière de Madeleine Renaud, qui créa le personnage de Winnie, fut ainsi à jamais marquée par ce rôle, et Catherine Frot trouve ici indéniablement matière à exprimer toute l’ampleur de son talent. Mais « Oh les beaux jours » n’est peut-être pas l’une des œuvres les plus faciles à aborder pour le grand public…
Disparaissant peu à peu et inéluctablement dans la terre qui la porte, Winnie, personnage prisonnier de son immobilité, raconte l’éternelle lutte que livre l’être humain face à sa condition, à son histoire et à son destin. On assiste à un quasi monologue de cette femme, enterrée dans un monticule (un mamelon) jusqu’à la taille puis jusqu’au cou, qui livre une longue réflexion sur le temps qui passe, sur l’intérêt de journées qui se ressemblent et qu’un rien pourrait modifier… ou pas…
Crédit photo : Pascal Victor/DR – Source*
Il s’agit ici d’une pièce dans le plus pur style beckettien, maître avec Ionesco, entre autre, du théâtre de l’absurde. Le texte est brillant, ciselé, mais parfois un peu « dispersé ». Heureusement, l’interprétation de Catherine Frot est absolument remarquable, l’actrice égrènant son texte comme un virtuose sa partition. Celles et ceux qui ne la connaîtraient qu’à travers ses rôles au cinéma, et qui se sentiraient parfois peut-être un peu agacés par son style et ses manières, ne pourront sincèrement qu’être époustouflés par sa prestation ; tel a été mon cas.
La mise en scène, le décor et les lumières participent grandement à la qualité de la représentation. Pour le reste, en tant que spectatrice « lambda », je gardais de mes études littéraires un souvenir de Beckett quelque peu frileux, l’auteur n’étant pas, il faut l’avouer, parmi les plus faciles d’accès. Je confirme ici mon opinion, en recommandant vivement « Oh les beaux jours » aux fans de Beckett et à ceux qui apprécieraient vraiment le théâtre de l’absurde, mais ne le conseillerait donc qu’à un public averti. Ce qui, entendons-nous bien, n’enlève absolument rien à la qualité de la représentation.
Oh les beaux jours de Samuel Beckett
jusqu'au 1er juin 2013 Mise en scène : Marc Paquien Avec Catherine Frot et Jean-Claude Durand Représentations du mardi au samedi à 21h – Matinée samedi à 17h
*Si vous avez vu "Oh les beaux jours", n'hésitez pas à donner votre avis en commentaire
Crédit photo à la une : Théâtre de l'Atelier