On parle souvent du Montmartre des artistes en pensant d’abord aux peintres, un peu moins aux poètes… Pourtant, ils furent (et sont encore certainement) tout aussi nombreux à habiter ou fréquenter la Butte, notre quartier, son ambiance et sa situation particulière au dessus de Paris étant une formidable source d’inspiration pour beaucoup. En réalité, si de nombreux poètes ont séjourné à Montmartre au temps de la Bohème, c’est aussi en partie parce que bon nombre d’entre eux étaient aussi critiques d’art. A l’occasion de la Semaine de la Poésie, nous sommes partis sur les traces des poètes à Montmartre…
Gérard de Nerval est l’un des premiers poètes à avoir marqué l’histoire de Montmartre, et nombre de ses poèmes ont été directement inspirés par l’atmosphère si particulière de la Butte. En 1841, il séjourne dans la clinique du Docteur Blanche au 22 rue Norvins, puis rue Pigalle, rue des Martyrs, et en 1846 rue Girardon dans le Château des Brouillards, propriété qui le marquera à jamais.
Ce qui me séduisait dans ce petit espace abrité par les grands arbres du Château des Brouillards, c’était d’abord ce reste de vignoble lié au souvenir de saint Denis, qui, au point de vue des philosophes, était peut-être le second Bacchus, Aiovûawç, et qui a eu trois corps, dont l’un a été enterré à Montmartre, le s’econd à Ratisbonne et le troisième à Corinthe. — C’était ensuite le voisinage de l’abreuvoir, qui le soir s’anime du spectacle de chevaux et de chiens que l’on y baigne, et d’une fontaine construite dans le goût antique, où les laveuses causent et chantent comme dans un des premiers chapitres de Werther. Avec un bas-relief consacré à Diane et peut-être deux figures de naïades8 sculptées en demi-bosse, on obtiendrait, à l’ombre des vieux tilleuls qui se penchent sur le monument, un admirable lieu de retraite, silencieux à ses heures, et qui rappellerait certains points d’étude de la campagne romaine. Au-dessus se dessine et serpente la rue des Brouillards, qui descend vers le chemin des Bœufs *, puis le jardin du restaurant Gaucher, avec ses kiosques, ses lanternes et ses statues peintes. — La plaine Saint-Denis a des lignes admirables, bornées par les coteaux de Saint-Ouen et de Montmorency, avec des reflets de soleil ou de nuages qui varient à chaque heure du jour. A droite est une rangée s de maisons, la plupart fermées pour cause de craquements dans les murs.
– La Butte Montmartre (poème en prose publié dans L’Illustration) – 1854
Poète engagé, il est connu pour être l’auteur du Temps des Cerises, chanson devenue le symbole de la Commune après que Jean-Baptiste Clément l’ait dédiée à « la vaillante citoyenne Louise, ambulancière de la rue de la Fontaine-au-Roi ». Jean-Baptiste Clémet arrive sur la Butte en 1860, année où le village de Montmartre est rattaché à Paris. Il connaîtra pas moins de 12 adresses successives dans le quartier, depuis le Passage de l’Arcade (aujourd’hui Passage des Abbesses) jusqu’à la rue Lepic en passant par la rue Véron, la rue Saint-Vincent, la rue Constance ou encore la rue Androuet. La place tout en haut de la rue Ravignan porte aujourd’hui son nom.
Quand nous en serons au temps des cerises,
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête.
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au coeur.
Quand nous en serons au temps des cerises,
Sifflera bien mieux le merle moqueur.
Mais il est bien court, le temps des cerises,
Où l’on s’en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d’oreilles.
Cerises d’amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang.
Mais il est bien court le temps des cerises,
Pendants de corail qu’on cueille en rêvant.
(…)
– Le Temps des Cerises – 1866 –
Verlaine, avant de vivre ses amours passionnées avec Arthur Rimbaud, avait épousé en 1870 une certaine Mathilde Mauté de Fleurville à la Mairie du 18e arrondissement, alors Place des Abbesses. Le couple vécut au 14 rue Nicolet, chez les parents de Mathilde, jusqu’à la naissance de leur fils Georges en octobre 1871. Entre temps, Verlaine a fait la connaissance de Rimbaud, qu’il a même hébergé durant quelques jours, avant qu’il ne quitte le domicile conjugal pour aller vivre sa passion avec son compagnon.
Parisien, mon frère à jamais étonné,
Montons sur la colline où le soleil est né
Si glorieux qu’il fait comprendre l’idolâtre,
Sous cette perspective inconnue au théâtre.
D’arbres au vent et de poussière d’ombre et d’or.
Montons. Il est si frais encor, montons encor.
Là ! nous voilà placés comme dans une « loge
De face », et le décor vraiment tire un éloge,
La cathédrale énorme et le beffroi sans fin.
Ces toits de tuile sous ces verdures, le vain
Appareil des remparts pompeux et grands quand même,
Ces clochers, cette tour, ces autres, sur l’or blême
Des nuages à l’ouest réverbérant l’or dur
De derrière chez nous, tous ces lourds joyaux sur
Ces ouates, n’est-ce pas, l’écrin vaut le voyage,
Et c’est ce qu’on peut dire un brin de paysage ?
— Mais descendons, si ce n’est pas trop abuser
De vos pieds las, à fin seule de reposer
Vos yeux qui n’ont jamais rien vu que Montmartre,
— « Campagne » vert de plaie et ville blanc de dartre
(Et les sombres parfums qui grimpent de Pantin !) —
(…)
– Parisien, mon frère à jamais étonné (Sagesse) – 1881 –
Originaire du Pas-de-Calais, Jehan Rictus (de son vrai nom Gabriel Randon), commence à fréquenter Montmartre au milieu des années 1880. Durant de nombreuses années, il vit dans la rue et fréquente les clochards et autres laissés pour compte qui trouvent refuge dans le Maquis. En 1895, il commence à écrire des poèmes dans un style très populaire, qu’il vient déclamer au cabaret des Quat’z’Arts boulevard de Clichy. Il fréquente aussi régulièrement le Lapin Agile, où il côtoie Max Jacob et Guillaume Apollinaire. Il s’installe alors au 64 rue Lepic où il vivra jusqu’en 1904, puis emménage au 50 où il restera jusqu’en 1913. En 1914, il déménage 8 rue Camille Tahan, où il vivra jusqu’à sa mort en 1933. Le Square des Abbesses porte aujourd’hui son nom.
Merl’ v’là l’ Printemps ! Ah ! salop’rie,
V’là l’ monde enquier qu’est aux z’abois
Et v’là t’y pas c’te putain d’ Vie
Qu’a r’biffe au truc encore eun’ fois !
La Natur’ s’achète eun’ jeunesse,
A s’ déguise en vert et en bleu,
A fait sa poire et sa princesse,
A m’ fait tarter, moi, qui m’ fais vieux.
Ohé ! ohé ! saison fleurie,
Comme y doit fair’ neuf en forêt !
V’là l’ mois d’ beauté, ohé Marie !
V’là l’ temps d’aimer, à c’ qu’y paraît !
Amour ! Lilas ! Cresson d’ fontaine,
Les palpitants guinch’nt en pantins,
Et d’ Montmertre à l’av’nue du Maine
Ça trouillott’, du côté d’ Pantin !
V’là les poèt’s qui pinc’nt leur lyre
(Malgré qu’y n’aient rien dans l’ fusil),
V’là les Parigots en délire
Pass’ qu’y pouss’ trois branch’s de persil !
L’est fini l’ temps des z’engelures,
Des taup’s a sort’nt avec des p’lures
Dans de l’arc en ciel agencées
De tous les tons, de tous les styles ;
Du bleu, du ros’, tout’s les couleurs ;
Et ça fait croir’ qu’a sont des fleurs
Dont la coroll’ s’rait renversée
Et ballad’rait su’ ses pistils.
– Le printemps (Les Soliloques du Pauvre) – 1897 –
Surnommé par ses pairs « le prince des poètes », Paul Fort s’installe vers 1900 au rez-de-chaussée du 68 rue Lepic, dont le jardin deviendra l’atelier de Poulbot. De nombreuses réunions littéraires auxquelles participent Apollinaire, Marie Laurencin et Picasso entre autres se tiendront dans l’ancien café « Au Téléphone » devenu aujourd’hui le restaurant La Mandigotte. Entre 1908 et 1909, vit au 11 rue de l’Armée d’Orient.
Il y aurait tellement à dire sur Max Jacob, peintre, poète, critique d’art et surtout figure marquante du Montmartre Bohème. Sa première adresse connue dans le quartier est le 33 boulevard Barbès, où il habite alors une mansarde partagée avec son frère Jacques. Il s’installe ensuite au 17 rue Gabrielle, puis au 7 rue Ravignan, où il vivra entre 1907 et 1911. C’est là que le 28 septembre 1909, il eut sa vision du Christ qui le poussa à se convertir au Christianisme. C’est Max Jacob qui donnera son nom au Bateau Lavoir, où vivait son ami Picasso. Il fut l’un des premiers poètes à écrire en prose. C’est à lui que l’on doit le poème « La rue Ravignan »
Je te regrette O ma rue Ravignan
De tes hauteurs qu’on appelle antipodes
Sur des pipeaux m’ont enseigné l’amour
Douces bergères et leurs riches atours
Venues ici pour nous montrer les modes
L’une était folle
Elle avait une bique
avec des fleurs sur ses cornes de paon
L’autre pour les refrains de nos fêtes bachiques
La vague et pure voix qu’eût rêvée Malibran
L’impasse de Guelma a ses corregidors
Et la rue Caulaincourt ses marchands de tableaux
Mais la rue Ravignan est celle que j’adore
Pour les coeurs enlacés de ses porte-drapeaux
Là taillant des dessins dans les perles que j’aime
Mes défauts les plus grands furent ceux de mes poèmes.
– Rue Ravignan – 1921 –
Ami de Guillaume Apollinaire, Picasso et Max Jacob entre autre, il habite en 1903 une maison au 36 rue St-Vincent, puis il prend un atelier au Bateau Lavoir avant de quitter la Butte en 1909. Il gardera de ses années montmartroises un souvenir pas toujours tendre, mais il a écrit de nombreux textes et poèmes qui constituent un témoignage très réaliste de cette époque.
Le jour doré s’accroche à l’aile
D’un moulin qui ne tourne plus Et l’on sent bouillonner le zèle
De Paris, moi je suis perclus.
Voici, beautés d’apothéose,
Merveilles du soleil levant,
Traînés par un jument rose
Des choux bleus et des coucous blancs.
La fontaine laborieuse
Redit, inutile leçon,
Une chanson d’esclave heureuse
Au ruisseau libre et vagabond.
On ouvre et l’on ferme des portes
Et des mains lèvent des miroirs
Lourds de lumière, que m’importe
Si je suis parfumé de soir ?
La lune a bu toutes mes larmes ;
Partageant mon vin, des filous
M’ont laissé caresser leur armes ;
Ma nuit fut belle. Couchons-nous.
– L’Aube rue Saint-Vincent – 1910 –
Bien que n’ayant jamais vraiment eu d’adresse officielle à Montmartre, on sait que Guillaume Apollinaire a beaucoup fréquenté la Butte et particulièrement tous les endroits où il se passait quelque chose, depuis le Lapin Agile jusqu’au Bateau Lavoir, où il se lie notamment d’amitié avec André Salmon et Max Jacob. En 1917, le tout Montmartre assiste à la première des « Mamelles de Tiresias » au 4 rue de l’Armée d’Orient (actuel théâtre Montmartre Galabru).
(…)
Aujourd’hui tu marches dans Paris les femmes sont ensanglantées
C’était et je voudrais ne pas m’en souvenir c’était au déclin de la beauté
Entourée de flammes ferventes Notre-Dame m’a regardé à Chartres
Le sang de votre Sacré Cœur m’a inondé à Montmartre
Je suis malade d’ouïr les paroles bienheureuses
L’amour dont je souffre est une maladie honteuse
Et l’image qui te possède te fait survivre dans l’insomnie et dans l’angoisse
(…)
– Zone (Alcools) – 1913 –
Originaire de Narbonne, Pierre Reverdy est accueilli à son arrivée à Paris en 1910 par son ami le peintre Paul Malaterre, qui vit à Montmartre. Il s’installe à l’Hôtel du Poirier, en face du Bateau Lavoir, puis habite avec Max Jacob au 7 rue Ravignan, avant de passer par le Bateau Lavoir puis par le 12 rue Cortot. Considéré comme le précurseur du surréalisme, il est le fondateur de la revue Nord-Sud, du nom de la ligne de métro reliant Montmartre à Montparnasse.
Il neige sur le mont Blanc
Et une grosse cloche sonne dedans
Jusqu’en bas une procession de gens en bas descend.
Les coeurs brûlent à feu couvert
Une ombre immense tourne autour du Sacré-coeur
C’est Montmartre
La lune forme la tête
Ronde comme ta figure
Au temps des flammes plus ardentes
Et de nos jours
Chacun a une petite étoile
Elles rampent
La lune est noire et le ciel clair
(…)
– Paris-Noël – 1916 –
La famille de Paul Eluard s’installe au 3 rue Ordener alors qu’il a 17 ans. En 1917, il épouse Gala Diakonova à la Mairie du 18e, puis à la naissance de leur fille, ils vivent avec Max Ernst dans son atelier des Fusains au 22 rue Tourlaque. Il retournera ensuite rue Ordener, avant de trouver un appartement pour Gala au 7 rue Becquerel. C’est à la même période que celle-ci quittera Eluard pour vivre avec Salvador Dali dans ce même appartement. Paul Eluard quittera définitivement Montmartre et le 18e en 1949, après avoir vécu rue Max Dormoy avec sa seconde femme Nusch.
Ouvrir les portes de la nuit, autant rêver d’ouvrir les portes de la mer. Le flot effacerait l’audacieux.
Mais, du côté de l’homme, les portes s’ouvrent toutes grandes. Son sang coule avec sa peine. Et son courage de vivre, malgré la misère, contre la misère, étincelle sur le pavé boueux, enfantant des prodiges.
Ce n’est pas le rêve que d’habiter entre Barbès et la Villette. Je ne m’en suis jamais plaint. Pour m’ennuyer, j’allais ailleurs, et mon désir d’ailleurs, n’avait alors plus de bornes. Avais-je vraiment besoin de m’ennuyer ? Avais-je vraiment besoin d’aller aux îles avec le secret espoir d’y attendre patiemment la mort ? Je me le suis figuré parce que je fermais les yeux sur moi. Ma jeunesse me faisait un peu peur.
Dans mon beau quartier, entre Barbès et la Villette, vivre est honorable. Et le bonheur pourrait avoir sa place partout. Le seul obstacle c’est le temps, le temps de mourir. Avant la nuit totale, verra-t-on, aura-t-on le temps de voir, de s’éclairer ?
(…)
– Dans mon beau quartier – 1948 –
Arrivé en France en 1919, Tristan Tzara se lie très vite d’amitié avec André Breton et Paul Eluard, entre autres. Il est considéré comme le fondateur du dadaïsme. En 1926, il se fait construire une maison au 15 avenue Junot. Conçue par l’architecte autrichien Adolf Loos, la maison, de style moderne et conforme à l’idéal esthétique de Tzara, a été inscrite au titre des monuments historiques en 1975. C’est dans cette maison que naîtra son fils Christophe en 1927.
En 1953, Boris Vian s’installe dans d’anciennes loges du Moulin Rouge transformées en appartement, au 3e étage du N°6 bis de la Cité Véron, charmante petite impasse bucolique donnant sur le boulevard de Clichy. Il y vit les six dernières années de sa vie avec sa femme Ursula Kubler, danseuse des ballets Roland Petit, qu’il épouse en secondes noces en 1954. Dans cet appartement que l’on peut encore visiter aujourd’hui, le couple organise des fêtes mémorables avec leur voisin de palier, un certain Jacques Prévert… En janvier 1955, Boris Vian effectue l’un de ses derniers tours de chant dans un cabaret voisin et très en vogue : Les Trois Baudets.
En 1954, Jacques Prévert rejoint son ami Boris Vian à Montmartre et emménage au 6bis de la Cité Véron. Les appartements des deux artistes se font face au dernier étage de l’immeuble. Ils partageaient une terrasse donnant sur les toits du Moulin Rouge. Cette terrasse, dite Terrasse des Trois Satrapes était un lieu de rendez-vous incontournable du tout Paris des arts et des lettres dans les années 1950. Raymond Queneau ou encore Miles Davis s’y rendaient alors régulièrement. Depuis le 15 novembre 2013, une plaque est posée au 6 bis Cité Véron pour honorer la mémoire de Jacques Prévert et de Boris Vian.
Bernard Dimey débarque à Montmartre à l’âge de 25 ans et vivra sur la Butte jusqu’à sa disparition en 1981. Il habite successivement rue Ramey, rue Paul Albert, rue Saint-Vincent, rue Cauchois, puis s’installe en 1961 au 13 rue Germain Pilon. C’est ici qu’il trouvera l’inspiration pour écrire ses premiers poèmes et chansons, interprétées par les plus grands noms de la chanson française. Il fréquente assidument les bistrots et autres cabarets du quartier, et devient au fil des années une véritable figure emblématique du quartier, surnommé « l’ogre ». On retrouve quelques une de ses plus beaux poèmes dans le recueil « Soif de Montmartre » illustré en 1993 par Claire Dupoizat.
Les feignants du Lux-Bar, les paumés, les horribles,
Tous ceux qui, rue Lepic, vienn’nt traîner leurs patins,
Les rigolos du coin, les connards, les terribles
Qui sont déjà chargés à dix heur’ du matin…
Les racines au bistrot, ça va pas jusqu’à Blanche,
Et même les Abbesses, ils ont jamais vu ça !
Avec dix coups d’rouquin ils se font leur dimanche
Et je les aime bien, je n’sais pas trop pourquoi.
Y a Jojo qui connaît des chansons par centaines,
Qui gueule comme un âne avec un’ voix d’acier
Et sur un ch’val boiteux va bouffer tout’ sa s’maine,
Qui crèv’rait si demain on supprimait l’tiercé,
Et l’Patron du Lux-Bar, c’est l’Auvergne en personne,
Bien avant d’savoir lire il savait d’jà compter,
Mais tous les habitués viennent pour la patronne
Et lui, le malheureux, s’en est jamais douté !
Et puis y a les souris des rues avoisinantes
Au valseur agressif, au sourire accueillant,
Qui font toujours la gueule et sont toujours contentes,
Qui racontent leur vie en séchant leur coup d’blanc.
Au Lux-Bar on s’retrouve un peu comme en famille ;
L’poissonnier d’à côté, çui qui vend du requin,
Vient y boir’ son whisky parmi les joyeux drilles
Qui ne sont rien du tout, mais qui sont tous quelqu’un.
Les copains du Lux-Bar, les truands, les poètes,
Tous ceux qui dans Paris ont trouvé leur pat’lin
Au bas d’la rue Lepic viennent se fair’ la fête
Pour que les Auvergnats puissent gagner leur pain.
– Au Lux-Bar – Recueil « Le milieu de la nuit » –