Qui n’a jamais joué au petit Bac, ce jeu qui consiste à trouver un mot à partir d’une lettre ? En vous proposant l’abécédaire du quartier, sans vouloir réécrire un dictionnaire (Jean-Marc Tarrit* l’a parfaitement fait avant nous), on a eu envie de vous faire visiter Montmartre de A à Z. Et vous, quels mots auriez-vous choisi ?
Véritable quartier au sein du quartier, la place, la rue et le passage évoquent les abbesses qui vécurent dans l’Abbaye aux dames de Montmartre de 1134 à 1794. La place s’appela d’ailleurs jusqu’en 1867 place de l’Abbaye. La station de métro Abbesses est également la plus profonde de Paris.
Située sur la place Emile Goudeau, cette cité d’artistes fut fréquentée par de nombreux peintres, parmi lesquels Van Dongen, Modigliani, Juan Gris ou encore Pablo Picasso. C’est d’ailleurs là qu’il a peint Les Demoiselles d’Avignon. Anciennement nommée Maison du Trappeur, c’est le poète Max Jacob qui donnera son nom au lieu en raison de sa ressemblance avec les embarcations du même nom. Classé monument historique en 1969, le Bateau Lavoir fut entièrement détruit un an plus tard par un incendie. Reconstruit en 1978 tout en béton, il abrite aujourd’hui 25 logements d’artistes.
Impossible de rater le magnifique carrousel de style vénitien sur la Place Saint-Pierre en bas du Sacré Cœur ! On l’a vu dans de nombreux films, parmi lesquels Itinéraire d’un enfant Gâté de Claude Lelouch, ou Le fabuleux destin d’Amélie Poulain.
L’inoubliable interprète de Gigi l’Amoroso a vécu plus de 25 ans rue d’Orchampt, dans une maison qui fait aujourd’hui partie des incontournables du quartier. Une statue en son hommage a été inaugurée en 1996 sur la place qui porte son nom, à l’angle de la rue Girardon et de la rue de l’Abreuvoir. Dalida est enterrée au cimetière de Montmartre.
Les escaliers de la Butte, si durs aux miséreux, rythment le quotidien des montmartrois et entretiennent leur forme ! Il faut dire qu’on en compte pas moins de 38, parmi lesquels celui de la rue Foyatier, parallèle au funiculaire, avec ses 222 marches.
Inauguré en juillet 1900, le funiculaire de Montmartre a été construit pour conduire les pèlerins vers la Basilique du Sacré Cœur. Exploité par la RATP, il fait officiellement partie de la ligne 2 du métro bien qu’il n’ait pas de correspondance directe avec la station Anvers. Il achemine aujourd’hui plus de 3,5 millions de voyageurs par an !
Louise Weber dite La Goulue est sans doute la danseuse de french cancan la plus célèbre, devenue reine du Moulin Rouge et amie intime de Toulouse Lautrec. Elle finira sa vie dans la misère, et sera enterrée au cimetière de Pantin, avant que sa dépouille ne soit transférée au cimetière de Montmartre en 1992. Le square de la rue Burq porte aujourd’hui son nom.
C’est à l’angle du boulevard de Clichy et des rues Forest et Caulaincourt qu’était situé l’hippodrome de Montmartre, inauguré le 18 mai 1900. Le lieu pouvait accueillir jusqu’à 7000 personnes, dont 5000 places assises. Transformé en cinéma en 1907, il sera détruit une première fois en 1930 pour être reconstruit dans un style Art Déco, puis définitivement rasé en 1973.
De nombreux peintres impressionnistes vécurent ou se retrouvèrent à Montmartre durant de nombreuses années, parmi lesquels Degas, Monet, Pissaro, Sisley, Manet ou bien sûr Renoir.
Les jardins du Musée de Montmartre, sans doute les plus beaux de Paris (en tout cas nous on trouve !) portent le nom de celui qui a peint de nombreuses toiles dans son atelier de la rue Cortot, et qui vécut non loin de là, Allée des Brouillards.
Peintre né en Bohème orientale, Kupka fait partie des nombreux peintres qui s’installèrent à Montmartre au début du XXe siècle pour y mener la vie de bohème. On lui doit l’une des plus belles représentations de la Butte, dessin à l’encre datant de 1897.
Le doyen des cabarets parisiens, ouvert en 1860 à l’angle de la rue des Saules et de la rue Saint-Vincent, a successivement porté le nom de Rendez-Vous des Voleurs, Cabaret des Assassins puis Ma Campagne avant d’être rebaptisé Au Lapin Agile, en référence à son enseigne peinte par André Gill. De nombreux artistes y ont débuté, et il est aujourd’hui toujours en activité.
Majoritairement construits en bois, on a compté jusqu’à 14 moulins sur la Butte. La plupart furent détruits au milieu du XIXe siècle, et il n’en subsiste aujourd’hui que deux : le Radet, au dessus du restaurant Le Moulin de la Galette à l’angle de la rue Lepic et de la rue Girardon, et le Blute-Fin, connu aussi sous le nom de Moulin de la Galette, situé à l’emplacement du fameux bal du même nom dont l’entrée se situait rue Lepic. Le plus connu reste cependant certainement le Moulin Rouge, dont les ailes illuminées animent le boulevard de Clichy depuis 1889.
Parce que Montmartre ne dort jamais ou presque, et que les nuits montmartroises sont souvent mémorables, qu’il s’agisse de faire la fête ou de participer à une nuit d’adoration au Sacré Cœur.
Avec ses 130 mètres d’altitude, le point culminant de Paris se situe bel et bien à Montmartre, au niveau de l’église Saint-Pierre et du cimetière du Calvaire.
Que serait Montmartre sans ses fameux p’tits Poulbots, nom donné aux gamins de la Butte dessinés par Francisque Poulbot ? Le dispensaire des P’tits Poulbots, ouvert en 1920 rue Lepic, venait en aide aux enfants nécessiteux du quartier. Celui-ci prendra le nom d’association en 1939, et les P’tits Poulbots, habillés en costume d’infanterie de 1813, font toujours partie du folklore montmartrois.
Les Qua’Z’Arts fait partie de ces cabarets mythiques qui ont forgé la légende de Montmartre, créé en 1893 au 62 boulevard de Clichy. Son nom font référence au bal du même nom, organisé par les étudiants de l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Paris.
Situé dans le passage du même nom, entre la rue Lepic et l’avenue Junot, le rocher, d’abord nommé La Sourcière, a été renommé Sorcière par les gamins du quartier, considérant celui-ci comme maléfique. Il proviendrait de la région de la Marne.
Au sommet de la Butte et dominant tout Paris, la basilique du Sacré Cœur symbolise Montmartre à elle seule. Consacrée en 1919, il s’agit du premier monument religieux visité de la capitale depuis l’incendie de Notre-Dame de Paris. Elle n’a pourtant été classée aux monuments historiques qu’en 2021.
Les montmartrois les trouvent parfois trop nombreux, mais quoi qu’on en dise, Montmartre sans les touristes ne serait pas vraiment Montmartre. Nous, on adore les voir s’émerveiller à chaque coin de rue, et les entendre souffler en haut des escaliers !
Né rue du Poteau, Maurice Utrillo, fils de Suzanne Valadon, est le peintre montmartrois par excellence. Alcoolique notoire, il a peint de nombreuses vues de la Butte, notamment à partir de cartes postales ou sur le motif. Il n’était donc pas rare de le croiser dans les rues du quartier, avant qu’il ne parte s’installer au Vésinet. Il repose désormais au cimetière Saint-Vincent.
S’il y a toujours eu des vignes à Montmartre, celles du Clos Montmartre ont été plantées en 1933 à l’angle des rues des Saules et saint-Vincent pour préserver le terrain de la spéculation immobilière. Propriété de la Ville de Paris, la vigne montmartroise a pour particularité d’être exposée plein nord sur un terrain de 1600 m2. Les plus de 1700 pieds de cépages issus des plus grandes régions viticoles permettent chaque année de produire deux cuvées, rouge et rosé, dont l’intégralité des bénéfices des ventes est reversée aux œuvres sociales du 18e arrondissement.
Du nom de son créateur, l’allemand Conrad Wepler, la célèbre brasserie a connu deux adresses avant de déménager Place Clichy. Véritable institution dans le quartier, particulièrement connue pour ses fruits de mer, elle a été le fief de nombreux artistes et écrivains célèbres durant les années 30. Durant la guerre, elle fut réquisitionnée comme foyer de soldats allemands, puis en 1958, une partie du lieu fut cédée pour devenir l’actuel cinéma Pathé Wepler.
Montmartre, c’est aussi Pigalle et sa réputation sulfureuse, « symbole de la trangression et des plaisirs nocturnes interlopes »*. Après la Commune, le quartier devint le fief des femmes de petite vertu, mais également de la prostitution homosexuelle et du grand banditisme. De nombreux cinémas pornographiques et autres sex shops s’y sont installés, et bien que le quartier ait considérablement changé, on y trouve encore de nombreux lieux dédiés au plaisir.
Le mot préféré (avec champagne) du regretté Michou, figure emblématique du quartier, disparu en janvier 2020. Son cabaret de la rue des Martyrs, ouvert en 1956, est le temple parisien du transformisme.
Nom d’un cabaret situé au 30 rue Ravignan fréquenté par les artistes du Bateau Lavoir et de nombreux anarchistes, les bagarres y étaient fréquentes. Dirigé par Frédé, qui reprendra par la suite la gérance du Lapin Agile, le Zut sera fermé en 1902 par décision administrative. Une boutique reprendra le nom du lieu beaucoup plus tard, mais elle n’existe plus aujourd’hui.
Sources : Montmartre Dictionnaire – Jean-Marc Tarrit *(éditions Atlande) / Dictionnaire des lieux à Montmartre – André Roussard