La Butte Montmartre à proprement parler est desservie par trois lignes de métro (12, 2 et 4) et six stations de métro. Parmi elles, on compte la station la plus profonde de Paris, mais notre quartier abrite aussi la seule ligne de funiculaire de la capitale, qui fait partie du réseau RATP. Découvrons ensemble la petite histoire de ces stations.
La seule station qui débouche au cœur de la Butte et pas à sa périphérie est celle des Abbesses. Elle porte d’ailleurs le sous-titre de « Butte Montmartre » sur le plan de la RATP. Ouverte le 30 janvier 1913, elle est située sur la ligne 12, ancienne ligne Nord-Sud appartenant à la Société du chemin de fer électrique Nord-Sud de Paris. Cette société privée, créée en 1902, a construit et exploité trois lignes de métro jusqu’en 1931, avant d’être absorbée par la CMP (Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris) qui gérait les autres lignes.
L’accès à la station Abbesses est l’un des plus photographié de la capitale, orné d’un édicule signé Hector Guimard. Celui-ci, composé de quatre piliers et d’un auvent formé d’une marquise et d’une toiture en verre à double pente, est le seul qui subsiste des neuf édicules relevant de ce modèle, dit modèle A. Pourtant, celui-ci constitue un contre-sens historique puisqu’à l’origine, ce type d’édicule n’était pas installé sur la ligne Nord-Sud. Ainsi, celui des Abbesses était initialement celui de la station Hôtel-de-Ville, déplacé en 1974, et inscrit aux monuments historiques en 1978.
Par ailleurs, les quais de la station, situés à 36 mètres sous le niveau du sol, sont les plus profonds du métro de Paris. La décoration, refaite à neuf en 2007, reprend le style d’origine de la ligne Nord-Sud (voir station Lamarck).
Ouverte le 31 octobre 1912, elle aurait dû s’appeler Pecqueur, mais sera finalement baptisée Lamarck, son édicule débouchant sur la rue du même nom. Le nom de Caulaincourt sera rajouté pour préciser sa proximité avec la rue éponyme, avant de devenir officiellement Lamarck-Caulaincourt sur les plans de la RATP. Cependant sur les quais, la céramique ne porte toujours que le nom de Lamarck.
Située comme la station Abbesses sur la ligne 12, ancienne ligne Nord-Sud, celle-ci faisait tout pour se démarquer de sa concurrente la CMP. Ainsi, la signalétique façon « pochoir » dans un encadrement rouge de la station Lamarck est caractéristique de cette ligne, tout comme le mât de signalisation ou candélabre Dervaux (généralisé dans les années 30), situé bien en avant sur le trottoir, l’entrée de la station étant en retrait par rapport à la rue.
La décoration de la station est tout aussi caractéristique : une céramique de couleur marron entourant les cadres publicitaires et les entourages du nom de la station, des dessins géométriques marron ornant les montants et la voûte, et le nom de la station inscrit en céramique blanche sur fond bleu. Par ailleurs, le monogramme NS est incorporé dans les encadrements publicitaires, ainsi que les directions dans la faïence sur les tympans.
En 1944, sous l’Occupation, la station a servi d’abri anti-aérien pendant une alerte. Typiquement parisienne, on peut voir son entrée dans de nombreux films, notamment dans Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain.
Troisième station située sur la ligne 12 qui dessert Montmartre, mais également sur la ligne 2, celle-ci a été ouverte en 1902 avec la mise en circulation du tronçon Anvers-Etoile, puis en 1911 sur la Nord-Sud, en remplacement du terminus provisoire Notre-Dame de Lorette et avant le prolongement de la ligne jusqu’à Jules Joffrin. Son accès se fait au moyen de trois bouches de métro réparties sur le terre-plein central du boulevard de Clichy. L’entrée principale est ornée d’un édicule Guimard caractéristique de l’Art Nouveau : un entourage en fonte de fer vert amande, deux lampes tulipes et leurs cabochons en forme de dos de scarabée. Celle-ci a été inscrite aux monuments historiques en 2016. Les deux autres sont agrémentées de balustrades en fer forgé et de piliers ornés de céramique dans le style de la société Nord-Sud.
Le quai de la ligne 12 a été modernisé (comme un tiers du réseau entre 1974 et 1984) dans le style « Andreu-Motte » avec deux rampes lumineuses orange, des banquettes en carreaux marron plats et des sièges orange. Le quai de la ligne 2 est pour sa part aménagé en style « Ouï-Dire » bleu.
Inaugurée en 1902, la station située sur la ligne 2 est la dernière station souterraine précédant la section aérienne en direction de Nation. Elle porte comme sous-titre « Sacré-Cœur », indiquant qu’il s’agit de la station la plus proche pour rejoindre la basilique. A noter que le projet initial de funiculaire, qui permet de grimper jusqu’à l’édifice, prévoyait de relier celui-ci à la station Anvers.
Son accès unique est situé sur le boulevard de Rochechouart, et est orné d’un édicule Guimard classique. La décoration sans charme des quais de style « Gaudin » est celle qui correspond au renouveau du métro parisien dans les années 2000.
Ouverte en 1902, la station Blanche est située sur la ligne 2, au pied du célèbre Moulin Rouge. Il n’y a pas grand-chose à en dire, si ce n’est que comme la station Anvers, son accès situé sur le terre-plein central du Boulevard est orné d’un édicule Guimard, et sa décoration de style « Gaudin ».
C’est la seule station qui permet d’accéder à Montmartre par le flanc Est, au niveau de la rue Custine et de la rue Poulet. Elle doit son nom à celui du quartier qu’elle dessert, où l’on trouvait un grand manoir de briques rouges qui lui valut ce surnom. Située sur la ligne 4, elle a été ouverte en 1908, et a depuis fait l’objet de nombreux travaux. Ainsi, entre 1914 et 1917, la salle des billets a été agrandie et un troisième accès a été créé. Une fresque intitulée « Célébrations » et peinte à la main sur 95 carreaux de grès par l’artiste camerounais Barthélémy Toguo a été installée dans la salle des billets. Les quais ont également été entièrement rénovés dans le cadre de la préparation de l’automatisation de la ligne 4. Il s’agit d’une des stations de métro les plus fréquentées de la capitale.