Si son nom est pour certains moins connu que celui de ses illustres confrères et voisins tels Renoir, Dufy ou Valadon, Maximilien Luce fait partie des peintres qui nourrissent un lien étroit avec Montmartre ; d’abord pour l’avoir beaucoup peint, puis avec le Musée de Montmartre pour avoir vécu à quelques pas, d’abord au N°6 puis au N°16 de la rue Cortot. C’est donc naturellement que le musée montmartrois consacre aujourd’hui sa nouvelle exposition temporaire à cet artiste, figure du néo-impressionnisme et observateur attentif des transformations sociales de son temps.
A travers le prisme du voyage, le parcours de l’exposition nous amène de paysages en paysages, depuis Montmartre où Maximilien Luce vécut de 1887 à 1900, jusqu’à Rolleboise où il demeura les dernières années de sa vie, en passant par la prison de Mazas puis Saint-Tropez, la Belgique, Londres et Rotterdam. Quelques céramiques et coffrets, témoins de l’activité de l’artiste dans le domaine des arts décoratifs, sont également exposés, ainsi que plusieurs gravures.
Ses toiles montmartroises sont remarquables à plus d’un titre, tant par leur esthétisme que par leur réalisme. On admire à la fois des paysages de campagne, des vues sur la ville, mais aussi des scènes de vie quotidienne reflétant l’engagement social et politique du peintre : la construction du Sacré Coeur et le percement de l’avenue Junot témoignent de la transformation du quartier, tandis que la scène de l’épicerie rue des Abbesses livre un véritable instantané de la vie montmartroise.
Disciple du divisionnisme initié par Seurat et Signac, Maximilien Luce a su saisir l’essence des lieux et des moments, capturant la lumière et les couleurs de chaque paysage. Qu’il s’agisse des ciels azurs de la côte méditerranéenne, de l’environnement sombre et lunaire du Pays-Noir, du brouillard londonien ou des scènes verdoyantes de la campagne yvelinoise, toute l’oeuvre de l’artiste montre son intérêt pour le paysage et pour le bâti.
Première rétrospective entièrement consacrée à Maximilien Luce depuis 1983 à Paris et 2010 à Giverny, l’exposition rassemble une sélection d’œuvres issues de collections publiques et privées, parmi lesquelles cinq toiles prêtées par le Musée d’Orsay, et plus d’une trentaine par le Musée de l’Hôtel-Dieu de Mantes-la-Jolie, partenaire de l’événement. Celles et ceux qui connaissaient déjà l’oeuvre du peintre seront heureux de pouvoir la redécouvrir dans le cadre intimiste du Musée de Montmartre. Quant aux autres, ils seront, tout comme nous l’avons été, séduits à coup sûr par son univers et sa palette.