C’est sans doute parce qu’à Montmartre on marche un peu plus qu’ailleurs, qui plus est sur des pavés, qu’on a souvent besoin de faire réparer nos chaussures. Heureusement niveau cordonnerie, nous sommes plutôt gâtés. Le dernier en date, Maximilien Mauriès, s’est installé il y a quelques mois rue Durantin, où il nous accueille pour nous parler de sa passion.
On ne devient en effet pas cordonnier par hasard. Originaire d’Albi (patrie de Toulouse Lautrec), et tombé dans la marmite de l’artisanat au berceau (grâce à un papa maçon pour les monuments historiques), Maximilien a pourtant commencé sa carrière dans la banque, où il est resté près de dix ans. Mais c’est à la faveur d’un voyage en Argentine en 2015, durant lequel il prend le temps de la réflexion, qu’il décide finalement de se lancer. Depuis toujours passionné par la chaussure, il passe un CAP cordonnerie multiservice à son retour en France, et travaille en apprentissage aux côtés de Paul Scheignitz, artisan bottier, qui lui apprend le métier. Il ouvre dans la foulée sa première boutique à Bordeaux, en reprenant une cordonnerie de quartier ouverte depuis 35 ans !
Jusqu’à ce qu’une pandémie, et bien sûr le destin, ne s’en mêle… Durant le confinement, il passe son CAP de cordonnier bottier en candidat libre, mais surtout, il retrouve l’une de ses anciennes amoureuses de lycée. La jeune femme a quitté le Sud-Ouest pour s’installer à Paris où elle est devenue parfumeuse. Durant près d’un an, il fait des allers-retours réguliers pour voir sa bien-aimée, jusqu’au jour où il décide de la rejoindre définitivement à Paris. Il met alors en vente sa cordonnerie bordelaise, qui trouve rapidement repreneur (ou plutôt repreneuse), et se met en quête de la perle rare à Paris…
C’est sur le Bon Coin que Maximilien déniche l’ancien atelier d’Emilie Biens au 22 rue Durantin. Coup de cœur immédiat, puisque le local ressemble presque en tout point à sa boutique bordelaise : façade bleue, murs en pierres, esprit atelier… Sauf que notre albigeois ne connaît pas Montmartre, en tout cas moins bien que Sébastien, complice parfumeur de son amoureuse qui vient justement d’ouvrir Abstraction, son lieu de création rue Houdon. « Vas-y, fonce, le quartier est génial » était sans doute le meilleur conseil qu’il puisse lui donner, et en mars 2022, Maximilien s’installait pour de bon sur la Butte.
Maximilien travaille « à l’ancienne », ou du moins de manière traditionnelle sur des machines industrielles achetées aux enchères qui datent pour certaines des années 30, et qu’il a lui-même retapées. Son truc à lui, c’est vraiment de donner une seconde vie à des souliers qui ont battu le pavé mais qui méritent mieux que de finir à la poubelle, quand bien même à la base ils ne soient pas d’une qualité exceptionnelle. Et il est tellement doué qu’il a obtenu en 2019 une médaille d’argent au Salon de la Cordonnerie en Allemagne, équivalent pour la chaussure de notre Salon de l’Agriculture. Mais son rêve, ce serait bien sûr de créer ses propres chaussures. Sauf que pour ça, il faut avoir du temps, et surtout la clientèle qui va avec ! Car sachez-le, il faut compter pas moins de 1500€ environ pour pouvoir s’offrir une paire de souliers complètement sur-mesure. En attendant, Maximilien propose la demi-mesure et fait fabriquer en Allemagne, pour un résultat déjà très convaincant et surtout une qualité à toute épreuve.
D’ici l’été, notre cordonnier devrait proposer des ateliers pour apprendre à fabriquer des sandales, et ça on adore l’idée ! En attendant, en plus de prendre soin de nos souliers, Maximilien vend aussi des bérets fabriqués à la main dans un atelier à Orthez ; encore une belle manière de défendre l’artisanat.