L’émotion était palpable ce mercredi au Théâtre Lepic… Après des mois de fermeture, la jolie salle montmartroise allait enfin de nouveau pouvoir accueillir des spectateurs, impatients de découvrir le spectacle à l’affiche pour la réouverture : Lorsque Françoise Paraît. La pièce, présentée ici même il y a deux ans lors du Festival Mise en Capsules, était ainsi jouée pour la première fois dans son intégralité et devant un vrai public.
En référence à l’émission de radio « Lorsque l’enfant paraît » co-animée par Françoise Dolto sur France Inter entre 1976 et 1978, Lorsque Françoise Paraît revient sur la vie, et plus particulièrement l’enfance, de la célèbre psychanalyste. Qui était cette petite fille, née en 1908, qui a véritablement révolutionné le regard des adultes sur les enfants ? Portée par un trio d’acteurs exceptionnels, la pièce retrace sans complaisance et avec beaucoup d’humour toute la vie de Françoise, depuis ses traumatismes de petite fille jusqu’à sa vie de femme et de mère.
Et c’est tout simplement remarquable ! Un texte d’une intelligence extrême, une mise en scène ciselée jouant à la fois sur les costumes et la lumière, et surtout une interprétation magistrale font de ce spectacle une véritable pépite. Sophie Forte incarne une Françoise Dolto à la fois puissante et fragile, aussi crédible à 4 qu’à 80 ans ; la comédienne ne joue pas le rôle de Françoise, elle EST Françoise, et c’est parfaitement bluffant.
Durant près d’une heure trente, les spectateurs passent du rire aux larmes sans jamais s’ennuyer une seconde, et ressortent aussi heureux que chamboulés. Bref, c’est un grand moment de théâtre que nous offrent Eric Bu, l’auteur et metteur en scène, et ses trois comédiens. Le spectacle, qui aurait dû être créé cet été au Festival d’Avignon, trouve son aboutissement à Montmartre, et ce ne peut être qu’une fierté pour le Théâtre Lepic tant il est certain que cette pièce fera date.
A l’heure où le spectacle vivant et tout ce qu’il incarne n’a jamais été aussi important qu’en ce moment, Lorsque Françoise Paraît est une bouffée d’oxygène à respirer (avec les masques) sans modération.
Crédit photos : Frédérique Toulet