S’il y a bien une chose qui caractérise Montmartre, en dehors du Sacré Cœur et des moulins, entre autres, ce sont ses escaliers. La Butte est en effet le quartier de Paris qui en compte le plus, et rares sont les montmartrois à ne pas devoir en emprunter au moins un pour rentrer chez eux. Grâce à une étude récemment réalisée par l’Atelier Parisien d’Urbanisme sur les escaliers des rues de Paris, voici tout ce qu’il faut savoir sur les escaliers de la Butte…
Montmartre comptabilise en tout 38 escaliers, répertoriés selon trois catégories : ceux assurant la liaison entre voies à différents niveaux (32), ceux entre trottoirs et chaussées à niveaux différents (5) et ceux entre une voie et un ouvrage d’art (1).
– Voies à différents niveaux –
La première catégorie (la plus nombreuse) référence plusieurs types d’escaliers avec des volées de marches orientées dans la direction du cheminement ou perpendiculairement, les deux, ou séparés par deux volées de marches.
Volées implantées dans l’axe de l’acheminement
Selon le dénivelé et la longueur, le nombre de volées peut être plus ou moins important, le record étant détenu dans notre quartier par la rue Foyatier, qui ne compte que des escaliers.
- Volées en pleine largeur
Pour un faible dénivelé, une ou deux volées suffisent. Pour un dénivelé plus important, plusieurs volées se succèdent. A Montmartre, l’escalier du passage Cottin en est le meilleur exemple, son caractère pittoresque étant accentué par l’accès aux parcelles riveraines situé au niveau des repos intermédiaires.
- Volées bordées de perrés
La configuration la plus fréquente correspond à une volée centrale bordée par deux perrés latéraux (revêtement en pierres sèches ou en maçonnerie) d’égale largeur. Le profil et le traitement des perrés restituent la pente naturelle du sol, comme dans le Passage des Abbesses.
- Volées rentrantes bordées de terrasses
La configuration la plus fréquente correspond à une volée centrale bordée par deux séries de terrasses latérales. Parfois, la configuration de la voie est dissymétrique et les volées ne sont bordées de terrasses que d’un côté. Les terrasses sont souvent privatives et forment des sortes de vestibules à ciel ouvert, entre l’espace public de l’escalier et celui, privé, des halls d’entrée des bâtiments riverains. Les exemples sont nombreux à Montmartre : rues Juste Métivier, de l’Abbé Patureau, Paul Albert, Maurice Utrillo, Chappe…
- Volées saillantes
La configuration la plus fréquente correspond à une volée centrale, bordée d’espaces libres de plain-pied avec la base des marches. Parfois la volée devient latérale en adossement à l’une des rives bâties. Pour un faible dénivelé, la volée adossée au plan vertical de rupture entre les deux niveaux reliés émerge à la façon d’un perron, rue Armand Gauthier ou Place Emile Goudeau. Un dénivelé plus important prolonge, de part et d’autre de la volée, le niveau inférieur de la voie et donne aux immeubles des espaces de dégagement qui peuvent s’avérer difficiles à entretenir, comme dans la rue Nobel.
- Volées doubles à montées parallèles
Souvent associées à un autre type de volées, elles se justifie par la nécessité d’accéder à un local situé entre les deux volées . Ainsi, sur la rue de la Fontaine au But, la sortie de la station de métro Lamarck-Caulaincourt est encadrée par deux volées étroites qui sont prolongées dans l’axe de la voie par une seule volée.
Volées perpendiculaires à l’axe de l’acheminement
Cette configuration permet, pour un même dénivelé à franchir, d’occuper moins d’espace, et introduit un changement de direction des cheminements au niveau des paliers et des repos.
- Volées latérales
L’implantation des volées donne un profil dissymétrique à la voie qui reçoit l’escalier, comme dans l’Allée des Brouillards.
- Volées doubles à montées convergentes
L’escalier apparaît en saillie adossé au mur de soutènement en arrière plan. La configuration symétrique des volées donne à l’ouvrage une dimension d’élément architectural souvent renforcée par l’implantation de mobilier urbain.
- Volées doubles à montées divergentes
Ce type d’implantation est souvent associé à une ou plusieurs volée(s) droite(s) amont ou en aval., comme dans la rue Gaston Couté.
– Trottoirs et chaussées à niveau différent –
Cette différence de niveau est généralement peu importante et ne nécessite que la présence de quelques marches regroupées dans une même volée droite : On parlera de degrés. Deux cas se présentent : les degrés parallèles aux trottoirs, et les degrés perpendiculaires.
Nous ne rentrerons pas dans les détails techniques, mais on en compte 5 à Montmartre : rue Berthe, rue de l’Abreuvoir, rue Saint-Vincent, rue Cortot et rue Falconet.
– Entre une voie et un ouvrage d’art –
A Montmartre, il s’agit de l’escalier reliant l’avenue Rachel au pont de la rue Caulaincourt, au dessus du cimetière.
Pour finir (et pour briller en société !), sachez que l’escalier le plus long est celui de la rue du Mont-Cenis, puisqu’il s’étend sur une longueur de 1300m. L’escalier de la rue Paul Albert, qui relie les rues André del Sarte et Muller, a été ouvert en 1867 sous le nom d’Escalier Sainte Marie. Quant à la star des escaliers, celui de la rue Foyatier, il comporte 9 volées droites identiques de 23 marches chacune (soit 207 marches), pour gravir un dénivelé de 36,20m, avec une pente, de l’ordre de 36%… Bon courage !
Source : PARIS EN MARCHES – Les escaliers des rues de Paris – Atelier Parisien d’Urbanisme. Etude complète disponible sur le site www.apur.org/fr