Publié en octobre dernier, Le Sang des Cerises est le 8e volume des Passagers du Vent, la saga de François Bourgeon dont l’action se situe dans le 18e siècle de la traite négrière, et dont le premier opus est sorti en 1980. Les amateurs du genre, et qui plus est des Passagers du Vent, seront ainsi heureux de retrouver Zabo, héroïne du deuxième cycle en Louisiane, 20 ans plus tard à Paris, et plus particulièrement à Montmartre, où se situe l’action de ce Sang des Cerises.
Pour l’auteur, il s’agissait de pouvoir raconter la Commune aux lecteurs, une période de l’histoire souvent oubliée mais pourtant essentielle pour celles et ceux qui l’ont vécue, particulièrement sur la Butte. Bien entendu, le titre fait allusion à la célèbre chanson de Jean-Baptiste Clément, Le Temps des Cerises, écrite 5 ans avant les événements tragiques de 1871 et qui en est devenue le symbole.
Paris, février 1888. Zabo (qui répond désormais au prénom de Clara), recueille Klervi, une jeune bretonne croisée trois ans plus tôt le jour des funérailles de Jules Vallès et tombée aux mains d’un souteneur, chez elle à Montmartre. Les deux femmes vont apprendre à se connaître et à vivre ensemble, côtoyant les artistes de l’époque (Toulouse-Lautrec, Steinlen, Suzanne Valadon ou encore Renoir) et fréquentant les nombreux cabarets de la Butte.
Pour François Bourgeon, il n’était pas question de faire l’inventaire touristique du Montmartre qui s’encanaille, mais bien de décrire la vie quotidienne, souvent difficile, des montmartrois. Pour ce faire, l’auteur, qui a lui même habité près de la Butte durant plusieurs années, s’est beaucoup documenté, notamment auprès de la Société du Vieux Montmartre, et il a, au fil des ans, accumulé de très nombreux livres sur Paris. Afin de reproduire au plus près le bâti de l’époque, il a ainsi réalisé une maquette du quartier qui lui a permis d’étudier l’éclairage du soleil, de la lune, ou bien des réverbères aux différentes heures du jour et de la nuit, mais il avoue qu’il lui a fallu des années pour comprendre un peu mieux Montmartre.
Et le résultat est là, car on retrouve dans de nombreuses planches des dessins particulièrement réalistes des rues de la Butte, parmi lesquelles la rue Cortot, la rue des Saules, la rue Saint-Vincent, ou encore la rue de l’Abreuvoir. Les montmartrois adoreront se promener dans le Montmartre de la fin du XIXe siècle et découvrir ou redécouvrir une époque fondatrice pour le quartier. Les autres amateurs de BD apprécieront forcément cette histoire dans l’Histoire, témoin du talent de François Bourgeon à raconter le quotidien des petites gens. Ils devront néanmoins attendre encore un peu pour découvrir la suite des aventures de Klervi et Clara, l’auteur venant de se remettre à sa table de travail pour dessiner la suite…