Le journal d’une femme de chambre est une œuvre parue en 1900. Déjà adapté trois fois au cinéma, le roman d’Octave Mirbeau a également connu de nombreuses adaptations théâtrales, en France comme à l’étranger. L’une des dernières en date est la version mise en scène par William Malatrat et interprétée par Karine Ventalon, qui se joue actuellement tous les samedis soirs et jusqu’au 7 février au Tremplin Théâtre à Montmartre.
D’abord, sachez, si vous n’y êtes jamais allés, que l’endroit est étonnant. Il s’agit d’une toute petite salle, pouvant accueillir une cinquantaine de spectateurs tout au plus, ce qui a d’ailleurs valu à la pièce de concourir pour les P’tits Molières 2014, dont l’objectif est de soutenir les petits théâtres parisiens de moins de 150 places et les petites compagnies.
Ensuite, on ne va pas y aller par quatre chemins : si vous souhaitez prendre une vraie claque théâtrale, courez découvrir Karine Ventalon sur scène dans le rôle de Célestine, la célèbre femme de chambre ; elle est tout simplement époustouflante ! Karine ne joue pas Célestine, elle EST Célestine. Elle se livre sans pudeur et comme peu savent le faire, embarquant le spectateur dans son récit et sa douce folie. Est-ce la proximité avec l’actrice qui nous la rend à la fois si troublante et attachante ? Peut-être, mais la force de son interprétation est telle qu’elle pourrait sans nul doute embarquer une salle beaucoup plus grande…
L’autre tour de force de Karine Ventalon, c’est d’interpréter tous les autres personnages avec une justesse incroyable, et la sobriété de la mise en scène ne fait que rajouter à sa performance. Seule une malle sert de décor, tour à tour table, lit, chaise, autel, lavoir, cercueil, une malle pour seul bagage dans une vie pleine de rage, d’espoir et de désespoir. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, on « voit » la chambre, l’escalier, la maison, le parc, le jardin, le tout sans aucun changement d’éclairage ; c’est véritablement remarquable.
Que vous soyez déjà à Montmartre ou qu’il vous faille traverser tout Paris pour venir jusqu’au Tremplin Théâtre, vous ne pouvez pas passer à côté de ce Journal d’Une Femme de Chambre ; ça, c’est dit !