Montmartre – Extérieur nuit – Un passant se promène rue Lamarck et emprunte l’escalier qui remonte vers le Sacré Cœur, rue du Chevalier de Barre – Une pluie d’étoiles éclaire son passage… Il ne s’agit pourtant pas d’un scénario de film, mais bel et bien de ce que vous vivrez si vous empruntez cet escalier la nuit, où brille de nouveau, depuis décembre dernier, le Chemin de Lumière.
Ce sont Henri Alekan, l’un des plus grands chefs opérateurs du cinéma français, et Patrick Rimoux, plasticien sculpteur lumière, qui ont réalisé cette œuvre en 1995 dans le cadre d’une série de projets « conçus pour donner à l’espace urbain une nouvelle image nocturne* ». Plusieurs chemins de lumière ont ainsi vu le jour dès 1993 en Bourgogne puis à Bruxelles, avant qu’ils n’arrivent à Montmartre.
Notre quartier est à n’en pas douter l’un des plus cinégénique, et Henri Alekan le connaissait bien, puisqu’en plus d’y avoir passé son enfance et d’avoir débuté dans les studios de la rue Francoeur, il avait aussi éclairé les escaliers de la Butte dans le film de Marcel Carné « Juliette ou la Clef des Songes ».
Le projet initial prévoyait de prolonger le cheminement dans Montmartre, autour du Sacré Cœur, mais il s’est malheureusement arrêté là. Le temps a ensuite fait son œuvre, et depuis bien longtemps, le Chemin n’avait plus de lumière que le nom…
L’ADDM (Association de Défense de Montmartre) s’est mobilisée pour que ce Chemin de Lumière soit rénové, soumettant le projet depuis plusieurs années au vote des parisiens dans le cadre du budget participatif. Et la persévérance a fini par payer, puisque le Chemin brille de nouveau à Montmartre.
Constitué de 135 étoiles en fibre optique et verre coloré, le Chemin de Lumière représente la disposition des constellations de la voute céleste dans le ciel de Paris le 1er janvier (à gauche de l’escalier) et le 1er juillet à droite ; de quoi rajouter encore un peu plus à la féérie de Montmartre la nuit…
*Libération – 17 juin 1995