Au même titre que les moulins, les escaliers, les peintres ou les danseuses de french cancan, le chat noir fait partie des emblèmes de Montmartre., notamment grâce à l’affiche mondialement connue créée par Steinlen. Le Chat Noir, ce fut bien sûr un cabaret, fondé par Rodolphe Salis en novembre 1881, puis entre 1882 et 1895, un journal satirique hebdomadaire, « organe des intérêts de Montmartre ». C’est précisément ce Chat Noir qui renaît aujourd’hui de ses cendres grâce à l’initiative de Romain Nouat, tombé « raide dingue » de notre quartier et désireux de faire revivre l’esprit bohème et surtout mordant de la Butte.
Retour en janvier 1882, 84 bd de Rochechouart. C’est pour assurer la promotion de son cabaret, ouvert deux mois plus tôt, que Rodolphe Salis a l’idée de créer un journal littéraire et artistique. D’abord tiré à 1000 exemplaires, on le trouve à Montmartre bien sûr, mais également à Paris dans les kiosques, les gares et les cafés des boulevards. Porté par Emile Goudeau comme rédacteur en chef, la plume d’Alphonse Allais et les dessins de Willette, Caran d’Ache ou encore Steinlen, le succès est rapide, jusqu’à atteindre un tirage de 19 000 exemplaires par semaine ! La renommée du Chat Noir gagne la France entière, contribuant à répandre l’esprit montmartrois et « fin de siècle » par delà les frontières de la Butte. Entre 1885 et 1892, 698 numéros ont été édités, auxquels ont collaboré les grands artistes et écrivains de l’époque, parmi lesquels Maupassant, Barbey d’Aurevilly, Victor Hugo, Goncourt, ou encore Gounod et Massenet qui assuraient les critiques musicales.
137 ans après sa première parution, on peut de nouveau lire Le Chat Noir à Montmartre. L’histoire (re)commence il y a un peu plus de deux ans, quand Romain Nouat, jeune créatif et auteur de programmes courts pour la télévision, est hébergé par un ami sur la Butte. Le fait de vouloir y vivre définitivement s’impose comme une évidence, et il s’installe au 6 rue Cortot, dans l’immeuble (et peut-être même l’appartement) où vécut Eric Satie. Il fréquente alors régulièrement le Musée de Montmartre voisin, où il découvre Le Chat Noir. C’est une révélation pour ce collectionneur de presse satirique, à tel point que lorsque son ami Julien Roussard lui offre une série d’exemplaires originaux, il commence à nourrir l’idée de faire revivre le journal, et par là même de réaliser l’un de ses rêves secrets, celui d’être un jour directeur de rédaction. Quand Salis, le chat du Musée de Montmartre, vient à plusieurs reprises se poser à côté de lui dans les jardins (alors que si vous avez connu Salis – le chat évidemment – vous savez comme nous qu’il était plutôt du genre sauvage), ce qui n’était qu’un projet devient incontournable.
Romain entreprend alors de nombreuses recherches et travaille en étroite collaboration avec Le Vieux Montmartre dans le but de ressortir le journal à l’identique. Il s’entoure d’une équipe de montmartrois pur jus, réussit à convaincre des partenaires, et peut être fier aujourd’hui de faire revivre Le Chat Noir à l’identique. Le journal, édité dans son format d’origine de quatre pages à 1000 exemplaires numérotés, est imprimé rue Ramey. Il est vendu à la criée le samedi sur la Place des Abbesses, mais on le retrouvera bientôt chez plusieurs commerçants et autres bars de la Butte.
Dire qu’on adore ce Chat Noir est un faible mot, tant sa lecture est jouissive (oui oui carrément !). Il s’agit d’un vrai journal satirique dans tout ce qui en fait un genre à part entière dans la presse écrite : « Ce que j’aime, c’est qu’il n’y a pas de frontières dans l’absurde, mais qu’on y trouve toujours une part de sérieux ». Dès lors, le champ des possibles est infini, et l’humour devient roi. Alors autant dire que quand, dès les premières lignes, on nous rappelle que « ce n’est pas Montmartre qui tourne autour du soleil mais le soleil qui tourne autour de Montmartre », ou encore qu’ « il est temps de porter haut la vérité qui dérange, la vérité que jalousent tant les autres et qui fait de Montmartre ce qu’il est : le centre de toute chose surtout si vous n’êtes pas loin », nous on applaudit et on en redemande !!!
C’est avec un immense sourire accroché aux lèvres qu’on a fini la lecture de ce premier numéro, et on a vraiment hâte de connaître la suite ! Vous pouvez déjà vous abonner en envoyant une lettre de motivation ainsi qu’un chèque de 25€ (soit 12 numéros, parce que pour 6 mois c’est beaucoup plus cher, ne cherchez pas c’est comme ça) à l’ordre de Romain Nouat (promis, il ne partira pas en vacances avec !) – Journal Le Chat Noir – 6 rue Cortot, 75018 Paris, en précisant vos nom, prénom, adresse et e-mail. Nous on a déjà fait notre chèque.