Lors du dernier conseil de quartier qui s'est tenu mardi 21 mai, le principal sujet abordé était celui de la propreté. Felix Beppo, élu en charge de l'espace public, et Stéphane Lagrange, chef du service technique, ont apporté un certain nombre de réponses aux nombreuses questions que se posent les riverains à ce sujet.
En effet, beaucoup de montmartrois considèrent qu'ils vivent dans le quartier le plus sale de la capitale. Globalement, les parisiens ne sont pas satisfaits de la propreté dans leur ville, alors que c'est pourtant une priorité parisienne et qui plus est une priorité du 18ème arrondissement. Tous les conseils de quartier ont des commissions à disposition pour tenter de répondre aux préoccupations des riverains, qui ont déjà permis des améliorations sur trois axes : la "pression" sur les équipes, la verbalisation et la sensibilisation ; une cinquantaine d'interventions a ainsi eu lieu dans les écoles de l'arrondissement cette année.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser de par son caractère touristique et vivant, Montmartre est loin d'être le quartier le plus sale du 18ème, et est même nettement plus propre que certains autres sites touristiques parisiens. Il n'empêche que les montmartrois ont le sentiment de vivre dans un quartier mal entretenu…
Ce qu'il faut savoir concernant la propreté à Montmartre :
-
A l'inverse des autres quartiers du 18ème, la collecte des ordures ménagères a lieu le matin, ce qui fonctionne plutôt bien dans l'ensemble.
-
Le balayage et le lavage des rues a lieu 7 jours/7 et 365 jours par an, sauf le 1er mai, entre 6h et 20h.
-
La fréquence de lavage des rues dans le 18ème est d'une fois par semaine. Pour le balayage, certaines rues sont balayées deux fois par jour et d'autres une fois tous les deux jours.
-
Entre 9 et 15 agents nettoient les rues du quartier tous les matins. Les endroits particulièrement fréquentés (les boulevards, l'esplanade du Sacré Coeur, la Place du Tertre, la Place des Abbesses, etc…) sont nettoyés tous les jours. Les autres le sont en moyenne une fois tous les deux jours.
-
2 ateliers techniques sont installés sur la Butte ; un en haut de la rue Lamarck et l'autre rue Joseph de Maistre.
-
450 personnes travaillent au quotidien sur l'arrondissement, dont 360 éboueurs.
-
8 femmes travaillent sur le secteur de la Butte, ce qui représente une volonté de la Ville de Paris d'accueillir de plus en plus de femmes.
-
95% des encombrants "clandestins" sont retirés dans les 24 h environ
Il n'en reste pas moins que de nombreux problèmes subsistent, notamment en raison des spécificités de la Butte. Montmartre est un quartier qui vit 24h sur 24h par exemple, et les agents de la Ville de Paris n'intervenant qu'entre 6h et 20h, durant la nuit, l'activité est intense aussi, et il n'y a plus personne pour nettoyer…
Les principaux problèmes du quartier :
- Les graffitis
Si certains tags participent au mouvement du Street Art, d'autres ne font que dégrader les murs des immeubles et des maisons. La Ville de Paris fait appel à un prestataire extérieur pour nettoyer les graffitis, et Felix Beppo a reconnu avoir eu de gros déboires avec le prestataire précédent. C'est une nouvelle entreprise qui est en charge de cette mission depuis six mois, avec de vraies obligations de résultat. Ainsi, elle dispose contractuellement de dix jours maximum pour retirer un tag signalé en mairie. Les riverains peuvent signaler ces graffitis sur le site www.paris.fr ou par téléphone au 39 75.
- L'esplanade du Sacré Coeur
L'esplanade du Sacré Coeur est, on le sait, toujours particulièrement fréquentée, et ce de jour comme de nuit. Il existe aujourd'hui un trafic autour de la bière, des camionnettes réapprovisionnant les vendeurs à la sauvette, plus particulièrement la nuit. Cela entraîne de graves problèmes dans les rues alentours, car outre le fait que les canettes soient laissées à l'abandon par terre une fois vidées, on le sait la bière possède des propriétés diurétiques qui poussent les buveurs à uriner n'importe où, et particulièrement dans les escaliers, les toilettes publiques situées à proximité des Jardins du Sacré Coeur étant fermées la nuit pour des raisons de sécurité… Grande classe ! Les urinoirs mobiles récemment mis en test rue Marcadet et rue de Panama-Suez seront probablement bientôt installés aux alentours du Sacré Coeur, ce qui représenterait un début de solution et de soulagement pour les riverains. Le plus simple serait pourtant que les gens ne pissent pas n'importe où, mais ça…
- Les mégots
On n'y pense pas forcément, mais le problème des mégots est une vraie plaie pour les services de propreté. Les mégots coincés dans les grilles des arbres par exemple sont quasiment impossibles à nettoyer. De nombreuses opérations de sensibilisation ont eu lieu auprès des cafetiers et des restaurateurs du quartier, en les invitant notamment à installer des cendriers devant leurs établissements. Ce n'est cependant pas une obligation, mais on compte sur eux pour inciter leurs clients fumeurs à respecter nos trottoirs.
- Les escaliers
Si les escaliers de la Butte sont durs aux miséreux, ils le sont aussi aux balayeurs ! C'est un vrai problème, et Stéphane Lagrange avoue ne pas avoir encore à ce jour trouvé la solution idéale pour nettoyer correctement les escaliers, bien que beaucoup de choses aient été essayées. Avis à la population : toutes les bonnes idées sont les bienvenues !
- Les corbeilles
Saviez-vous qu'il y avait dans Paris une corbeille tous les 100 mètres ? Ce n'est pourtant pas la panacée, puisqu'autant dans certains endroits très passants, il en faudrait certainement plus, alors que dans d'autres, le fait qu'il y en ait "trop" incite les gens à déposer des encombrants autour des poubelles publiques, sous prétexte que "s'il y a une poubelle, les déchets seront forcément ramassés". Et en attendant le passage des éboueurs, les poubelles sont entourées de déchets divers et variés qui ne rentrent pas dans les corbeilles… C'est malheureusement un problème récurrent à Montmartre.
- L'absentéisme
Felix Beppo a reconnu être confronté à un vrai problème d'absentéisme dans les équipes, le taux étant de 13 à 14% environ. Les agents de la propreté travaillent souvent dans des conditions difficiles, et les chefs de service luttent en permanence pour motiver leurs équipes et les sensibiliser à ce fléau qui entraîne un surcroit de travail pour le reste du personnel
Il n'empêche qu'une rue propre est une rue qu'on ne salit pas, et une prise de conscience s'avère plus que nécessaire de la part des riverains. Même si des agents verbalisateurs sillonnent régulièrement le quartier, c'est loin d'être suffisant. Felix Beppo reconnaît que malgré tous les efforts déployés, l'organisation actuellement en place n'est malheureusement toujours pas efficace, parce qu'un grand nombre de particularités propres à Montmartre (escaliers, vie nocturne, etc…) ne sont pas suffisamment prises en compte.
Mais la moindre des choses reste encore, en tant que riverains, de respecter nos rues et nos maisons. Certes, c'est ici l'image de la Butte qui est en jeu, mais c'est avant tout l'endroit où l'on vit !