Si vous vous demandiez qui se cachait derrière La petite dernière, vous ne risquez pas d’être déçus. Manon, cadette d’une fratrie de six frères et soeurs, a toujours apprécié le contact avec les gens et le goût des bonnes choses. Serveuse à la Bascule aux Abbesses, elle découvre peu à peu la Butte Montmartre et décide d’y ouvrir son propre bar. C’est rue de la Fontaine du But, à la place de l’ancien Festin Nu, que son aventure démarre. Idéalement situé au pied du métro Lamarck-Caulaincourt et à deux pas de Jules Joffrin, ce petit mouchoir de poche a connu bien des évolutions, sa première licence de débit de boisson datant de 1914 !
Dès l’ouverture à 17h, les premiers habitués sont au rendez-vous. Marin, l’acolyte de Manon et barman, nous raconte : « un jour j’ai dit, si j’ouvre un bar, ce serait comme à La petite dernière. Et quatre mois plus tard j’y travaillais ». C’est parce que la bonne humeur et l’humour sont au rendez-vous qu’on y passe toujours un bon moment, et qu’on finit par s’y sentir comme à la maison. Puis passée une certaine heure, à la faveur des tournées de shots qui s’enchainent, l’ambiance monte, les langues se lient et se délient, jusqu’au moment où à regret, il est l’heure de rentrer vraiment chez soi.
À l’intérieur, Manon imaginait un grand comptoir qui pour elle est l’essence même d’un bar de quartier. On s’y accoude pour déguster une bière ou un verre de vin, discuter de tout et de rien ou tout simplement passer dire bonjour. Côté décoration, l’idée était d’apporter une visibilité sur le deuxième espace, plus intimiste. Deux salles, deux ambiances, des tables en bois brut et une jolie faïence vintage au sol. Mention spéciale pour les affiches du vieux Montmartre accrochées au mur, qui témoignent de son attachement à notre cher quartier.
À la carte, Manon propose avant tout de redécouvrir la simplicité des bons produits, à des prix raisonnables. Une belle sélection de bières artisanales, des vins de petits producteurs et des produits d’apéro qui ont du goût. Nos papilles sont transportées aux quatre coins de la France et l’expérience gustative est au rendez-vous. Chaque commande de vin est toujours accompagnée d’un petit mot sur la région, l’histoire, la passion des vignerons. Et pour ce qui est de la bière brassée, elle est directement importée du petit village de son cousin, dans les Alpes du Sud.
Pendant la période du confinement, Manon a eu l’idée de proposer sa carte de boisson et des box apéro à emporter. De nombreux passants se sont laissé séduire par son enthousiasme et sont repartis avec quelque chose de nouveau : une saveur, une anecdote, un conseil. « C’est avant tout la transmission des bonnes choses qui me passionne », nous confie-t-elle.
Côté « mousse », la mode des bières belges à 7 ou 9 degrés qui mettent une claque à chaque tournée, très peu pour elle. « Une bonne bière c’est avant tout un produit vivant, qui étonne. ». L’une des favorites de la carte : la Under The Radar, une petite sans alcool, complexe et acidulée, aux notes de poires et de cidre. Elle est tout simplement issue du travail d’une brasseuse, enceinte à l’époque, qui a force d’essais a fini par proposer un produit buvable qui met tout le monde d’accord.
Côté grignotage, difficile de faire un choix : planches mixtes, frites maison à partager, terrine de campagne au poivre vert, Saint-Nectaire, saucisson sec et juste après l’été, quand les températures se feront plus fraîches : le Mont-d’Or rôti au vin, qui risque de vous faire dévaler les escaliers de la rue de la Fontaine du But plus vite que prévu !