Il y a 90 ans, le 29 janvier 1929, disparaissait Louise Weber dite La Goulue. Si tout le monde connaît au moins son nom, on en sait un peu moins sur ce que fut sa vie, aussi exceptionnelle que romanesque. Pour l’occasion, Maryline Martin a mené l’enquête pour écrire une biographie passionnante, La Goulue, Reine du Moulin Rouge, tandis que Dephine Grandsart se produit actuellement au Théâtre Essaïon avec son spectacle Louise Weber dite La Goulue.
Maryline Martin est journaliste littéraire et écrit des nouvelles et des romans où elle s’interroge sur la place et le rôle des femmes dans l’histoire. C’est en s’intéressant à Toulouse-Lautrec qu’elle a fait la connaissance de Louise, le peintre l’ayant immortalisée sur sa célèbre affiche du Moulin Rouge. Beaucoup de choses contradictoires ont été écrites sur La Goulue, donnant d’elle une image souvent négative. En ayant accès au journal intime de Louise, ainsi qu’à de nombreuses archives conservées au Vieux Montmartre, Maryline a découvert une toute autre femme, féministe avant l’heure, ni prostituée, ni demi-mondaine, ni courtisane, mais tout simplement une femme libre et qui l’assumait.
Née en 1866 à Clichy, Louise a dès son plus jeune âge la danse chevillée au corps. A 11 ans, elle vend des fleurs dans le quartier de la Goutte d’Or, puis à 13 ans travaille comme blanchisseuse avec sa mère. Son père, qui anime des noces et des banquets, la fait régulièrement monter sur les tables pour faire des démonstrations de chahut (premier nom du cancan signifiant art de lever la jupe) et la petite prend très vite conscience de son pouvoir de séduction. Dès 16 ans, elle s’affranchit des jupons maternels pour suivre un marquis en Normandie, mais revient très vite à Paris et plus particulièrement à Montmartre où elle danse régulièrement d’abord au Moulin de la Galette puis à l’Elysée Montmartre. C’est ainsi qu’elle se fait remarquer par Joseph Oller et Charles Zidler qui l’engagent pour danser au Moulin Rouge, la salle qu’ils viennent d’ouvrir sur le boulevard de Clichy.
Nous sommes en 1889, Louise a 20 ans. Celle qui entre temps est devenue La Goulue (elle avait certes un appétit féroce mais avait surtout eu pour amant un certain Gaston Goulu) devient la reine du Moulin Rouge, fréquente le tout Paris, cumule les amitiés prestigieuses (Renoir, Toulouse Lautrec qu’elle surnomme son petit touffu), les conquêtes amoureuses (elle eut pour amant le futur roi d’Angleterre Edouard VII), est invitée dans le monde entier et fait fortune. On ne se rend pas compte à quel point cette femme fut célèbre en son temps. Certes, elle a pu faire scandale à cause de son langage et de son comportement ; elle portait par exemple un collier de chien, façon de dire qu’elle n’appartenait à personne, elle dansait « en cheveux », ce qui ne se faisait pas à l’époque, et n’hésitait pas à arriver au Moulin Rouge avec un bouc, les femmes devant obligatoirement être accompagnées d’un mâle ! Mais elle fut surtout une véritable star, avant d’entamer une seconde vie moins glorieuse…
Lorsqu’elle quitte le Moulin Rouge en 1895, un peu par fierté, elle est enceinte. Elle devient alors dompteuse de fauves, et mène une vraie vie de foraine. Après avoir acheté un hôtel particulier du temps de sa splendeur, puis un appartement rue Norvins et un autre près de la Cigale, elle s’installe dans une roulotte et parcourt les foires et les fêtes foraines avant de s’établir à Saint-Ouen. Libre et infiniment généreuse, elle donne tout, se sacrifie pour les siens (elle épongera entre autre les nombreuses dettes de son fils), et celle qui voulait qu’on dise d’elle qu’elle était une bonne fille finira sa vie dans la misère, abandonnée de tous…
C’est cette Goulue que l’on retrouve au début du spectacle interprété par Delphine Grandsart ; une femme seule, lourde, épuisée par la vie, rongée par la misère. Durant une heure, la comédienne (prix de la meilleure interprète féminine aux Trophées de la Comédie Musicale 2018) incarne une Louise Weber plus vraie que nature, aussi libre et moderne qu’effrontée. La performance est époustouflante, et Delphine Grandsart, accompagnée à l’accordéon par Matthieu Michard, embarque avec elle un public tantôt charmé, tantôt amusé, tantôt choqué, passant du rire aux larmes, mais jamais indifférent, tant et si bien qu’on a envie de dire que c’est un spectacle « qui en a ». Quelle prouesse et surtout quelle intelligence de la part de l’auteure, Delphine Gustau, que de nous faire remonter le temps pour rencontrer à la fin du spectacle Louise Weber enfant.
Le spectacle a déjà été joué en 2017, mais il complète aujourd’hui parfaitement le livre de Maryline Martin, les deux rendant à La Goulue un hommage sincère et engagé et la juste place qu’elle mérite dans l’histoire du Paris de la Belle Epoque mais aussi de Montmartre. Et oui madame Louise Weber, on vous le dit en toute sincérité, vous étiez sûrement une très bonne fille…
– CONCOURS –
En partenariat avec les Editions du Rocher et la production du spectacle, nous vous offrons un exemplaire du livre La Goulue, Reine du Moulin Rouge et 2X2 places pour le spectacle Louise Weber dite La Goulue. Pour participer*, il vous suffit de remplir le formulaire avant le vendredi 22 février à minuit ; bonne chance !
– Le concours est terminé –
*Gagnants désignés par tirage au sort. Règlement sur simple demande
- La Goulue, Reine du Moulin Rouge aux Editions du Rocher.
- Louise Weber dite La Goulue – Les vendredis et samedis à 21h30 jusqu’au au 30 mars 2019 – Les lundis et mardis à 21h30 du 15 avril au 25 juin. Théâtre Essaïon, 6, rue Pierre au Lard, 75004 Paris. Infos et billetterie : www.essaion-theatre.com