C’est un édifice bien curieux qui domine la place Jean-Baptiste Clément, tout en haut de la rue Lepic, à l’angle de la rue Norvins. De forme octogonale, il abrite aujourd’hui le siège de la Commanderie du Clos Montmartre, mais saviez qu’en fait, il s’agissait des vestiges du premier château d’eau de Montmartre ?
C’est en 1835 que fut érigée une tour pour servir de château d’eau par une « société d’actionnaires en vertu d’une concession de 99 ans faite par le conseil municipal du 30 janvier 1834 », près du rendez-vous de chasse ayant selon la « légende » appartenu à Catherine de Médicis. D’une capacité de 150 m3, il est alimenté par les eaux de la Seine, à l’aide d’une pompe hydraulique installée à Saint-Ouen. Le réservoir répondait ainsi aux besoins croissants d’approvisionnement en eau du haut de la Butte, en raison du tarissement des sources naturelles.
« Quelque chose de bien utile, l’eau manquait à Montmartre ; la toute puissante industrie saura, de nos jours, réaliser un projet que nos pères n’auraient osé concevoir. Oui, l’industrie saura faire arriver l’eau de la Seine à cent trente mètres au-dessus du niveau de cette rivière, et cet élément de première nécessité sera aussi abondant sur la butte que dans le bas de la vallée. En 1834, une compagnie se forma dans le but de fournir de l’eau de Seine aux villages de la rive droite. Notre commune, où le besoin de cet élément se faisait sentir plus qu’ailleurs, fut bientôt appelée à jouir de ce précieux bienfait, et dès 1836 un réservoir élevé sur le point culminant de la butte à gauche du vieux chemin, construite en forme de petit monument octogone, assez joli, recevait suffisamment d’eau pour en fournir abondamment à toutes les exigences d’une nombreuse population. »*
Surélevé en 1865, le réservoir pouvait alors recevoir les eaux de l’Ourcq et de la Dhuys ; l’étage supplémentaire a aujourd’hui disparu. On peut cependant toujours admirer la très belle façade de style néo-gothique au décor abondant, ainsi que la fontaine en forme de gueule de lion, qui donne un charme particulier à ce petit jardinet aujourd’hui entretenu par la Ville de Paris.
Il semblerait que le château d’eau ait été désaffecté à la fin du XIXe siècle, d’où son nom d’ancien réservoir, au profit des réservoirs du Sacré Cœur puis de celui de la rue du Mont-Cenis en 1927, année où fut démonté l’étage de la tour.
Aujourd’hui, la tour est visible depuis la rue, et accessible occasionnellement lors d’expositions temporaires ou d’événements privés. Mais c’est un lieu particulièrement paisible qui ne manque pas d’attirer les curieux en quête de quiétude et de sérénité à quelques mètres de la bouillonnante Place du Tertre…
*Histoire de Montmartre – J.-F. Chéronnet
Sources : voyageursaparistome18.unblog.fr / Dictionnaire des lieux à Montmartre (A. Roussard)