On a failli ne plus y croire et pourtant si, l’été semble bel et bien décidé à prendre enfin ses quartiers sur Paris et à Montmartre… Il était temps, et ça tombe plutôt bien puisque dès ce week-end, le Festival Rhizomes revient. Durant une quinzaine de jours, les jardins du 18e arrondissement vont de nouveau accueillir de nombreux concerts en plein air au rythme des musiques du monde.
Cette année encore, la Butte ne sera pas en reste et accueillera deux concerts exceptionnels :
Samedi 25 juin à partir de 16h30
– Parc de la Turlure – Bleustein Blanchet –
Violaine Lochu et les habitants de la Goutte d’Or
(Restitution des ateliers radio)
Après le slam, l’écriture et l’improvisation, Rhizomes transplante ses ateliers de pratiques artistiques intergénérationnels autour des thématiques de la mémoire et du témoignage. Pendant cinq mois, de jeunes journalistes en herbe accompagnés par l’artiste Violaine Lochu ont défriché la mémoire des Anciens du quartier de la Goutte d’Or. Tout au long de leur enquête, les jeunes participants ont cartographié les souvenirs de leurs aînés pour en créer une pièce radiophonique. Les fruits de cette enquête aux nombreuses ramures donneront lieu à une création musicale collective pour notre traditionnelle ouverture au parc de la Turlure !
Projet proposé par l’Onde & Cybèle en partenariat avec Goutte d’Or en Fête, FGO-Barbara et l’Institut des Cultures d’Islam, la Drac Idf, la Fondation BPRI, la Fondation Strego, l’Acsé et la Région Idf.
BLICK BASSY
(Cameroun / bassa Blues)
De son enfance au Cameroun coule la sève transmise au village, à Mintaba, par ses grands-parents et les Anciens : une conscience de sa culture, de la beauté et du sens de sa langue bassa, qu’il secrète encore à travers ses chansons. En 2005, Blick Bassy s’installe à Paris, capitale des musiques « eurafricaines », où il multiplie les collaborations avec Manu Dibango, Lokua Kanza, Cheick Tidiane Seck ou Keziah Jones, sans trahir ni tarir les sources de son inspiration. Dix ans d’aventures qui aboutissent pour le label No Format à l’enregistrement d’un chef d’œuvre à l’épure envoûtante intitulé Akö, gravitant dans les chants de coton du bluesman Skip James, sublimé par le picking du violoncelle, les notes sucrées-salées du trombone, les samples subtils de Nicolas Repac. Fluides et légères, les mélodies s’élèvent en volutes entêtantes, quittant l’ancrage terrien du blues pour voler vers une musique sans âge, par la grâce d’un chant suspendu dans les airs, bercé par les grands airs du temps.
Dimanche 10 juillet à partir de 17h
Arènes de Montmartre
ABLAYE CISSOKO & CONSTANTINOPLE
Sénégal / Iran – rencontre poétique entre cordes et voix)
« Mon jardin est mon œuvre. Ma mémoire est la terre de mon jardin. Tout ce qui pousse sur cette terre y garde les racines et déchire le sol pour aller ailleurs, pour s’unir à l’univers. » Kiya Tabassian, fondateur de l’Ensemble Constantinople
De tout temps, en tous lieux, la Parole du monde s’est incarnée dans celle du barde, du poète et du troubadour. De nos jours, ces libres penseurs et oiseaux migrateurs font du monde leur jardin, à la façon des musiciens de l’Ensemble Constantinople et d’Ablaye Cissoko, griot de Saint-Louis du Sénégal et maître de la kora. Entre le djeli malinké conseillant les rois-guerriers et narrant leur glorieuse généalogie, et le barde du Khorasan iranien, lettré, chamane et barbier, il ne semble ainsi y avoir qu’une corde de luth… Magie et fluidité du doigté, virtuosité et humilité, paroles atemporelles, écho à l’enfance et maturité du sage mêlés : quelques soient leurs origines, c’est à croire que les mélodies et l’oralité viennent autant de la terre, de l’eau et de l’air que du cœur des hommes.
Christine Salem
(La Réunion / Maloya électrique)
Pour son final aux Arènes de Montmartre, Rhizomes ne pouvait pas faire dans la demi-mesure. De sa voix rauque et suave, Christine Salem entraîne les tambours du maloya réunionnais battre la démesure dans les champs électriques du guitariste Seb Martel, rencontré au gré de ses aventures eurafricaines avec le groupe Moriarty. « Il est immédiatement rentré dans le maloya », note Christine, qui a trouvé en lui un compagnon d’aventure complet : Seb joue de la guitare, de la basse et réalise l’album, fort de ses collaborations passées avec M, Camille, Salif Keita, Bumcello, Femi Kuti, General Elektriks… Après avoir donné plus de deux cents concerts, de l’Afrique du Sud à la Pologne, des Comores à l’Australie, du Mozambique au Canada… Christine Salem montera à Montmartre pour y faire retentir une liberté radieuse, solennelle, juste. Une liberté conquérante, nourrie de ses recherches spirituelles autant que de son parcours de musicienne. Une liberté tendue vers l’autre, voyageant vers de nouveaux rivages… comme un air de Rhizomes’n’blues !
Tous les concerts en plein air sont gratuits, dans la limite des places disponibles aux Arènes de Montmartre, la croisière musicale coûte 10 €.
Programme complet sur le site www.festivalrhizomes.fr
Crédits photo couverture : Erwan Floch