Quand on arrive au pied du Funiculaire, on a d’yeux que pour le Sacré-Cœur. Mais depuis quelques mois une nouvelle vitrine vaut le coup d’œil. Félicité, c’est une explosion de couleurs et de bonne humeur, portée par une personnalité pas comme les autres : celle de Davis. Un jeune chef-pâtissier débordant d’imagination, qui croit en sa chance et force sa bonne étoile. Avant de débarquer à Montmartre, c’est de l’autre côté de l’Atlantique qu’il a décidé de provoquer son destin. Passionné par Dominique Ansel, meilleur chef pâtissier du monde en 2017, il demande à un ami influenceur de passage à New-York de l’interpeller sur Instagram en le tagguant dans ses stories. Son objectif ? Intégrer la brigade d’une de ses boulangeries de Soho ou West Village, peu importe. Et apparemment c’est en y allant au culot qu’on a sa part du gâteau.
Davis est contacté pour un premier entretien à Paris et surprend tout le monde en arrivant avec son matériel, ses essais et ses entremets. La table d’entretien se transforme en plan de travail et le Chef et son équipe posent leurs questions entre deux coups de fouet du jeune pâtissier. Pari gagné, aller simple pour la Grosse Pomme booké, il s’envole enfin pour les États-Unis. Après quelques mois passés chez Dominique Ansel Bakery, Davis se la joue self-made man et est embauché par deux américains pour diriger l’ouverture d’une pâtisserie dans le Queens. Aucune condition, le Frenchie a carte blanche. Coiffé de sa nouvelle toque de chef exécutif, mais aussi créa à ses heures tardives, il jongle entre tests culinaires, évènementiel et communication à 360 degrés. Un couteau-suisse jamais fatigué qui s’inspire d’une culture américaine à cent à l’heure pour construire sa première expérience d’entrepreneur. Au gré de ses rencontres, il intègre la très sélect scène artistique new-yorkaise et fait peu à peu connaître ses talents. Sa plus belle réalisation ? Une perruque en chocolat en collaboration avec le créateur de « haute coiffure » Charlie Lemindu shootée pour Gut Magazine. La prise de conscience ne fait plus de doute : le champ des possibles n’a pas de limites. Et Davis se laisse aller sa folle vision de la pâtisserie. Son réseau le guide alors vers une nouvelle aventure à San Francisco chez Claude Le Tohic, mais le confinement s’en mêlant, il rentre finalement en France.
De retour à Paris, ses envies d’entrepreneuriat ne le quittent pas et le hasard le pousse à visiter le 1 rue Tardieu, anciennement Häagen-Dazs et lorgné par Alain Ducasse, dont la boutique ne verra pas le jour. En visitant le lieu, l’idée folle d’en faire sa propre pâtisserie se dessine. Cerise sur le gâteau, c’est en descendant au sous-sol qu’il découvre un laboratoire insoupçonné. Ni une, ni deux, une campagne de crowfunding est lancée. 15 000 euros plus tard, les banques sont convaincues, les investisseurs affluent et la famille et les amis gonflent le capital. Une délicieuse aventure démarre et la boulangerie-pâtisserie ouvre ses portes en septembre 2021. Loin des codes classiques, chez Félicité le ciel est bleu toute l’année (en témoigne le plafond), les murs ne jurent que par des couleurs pop et les miroirs seventies reflètent à merveille les croissants aux couleurs de l’arc-en-ciel. Ici, les viennoiseries ne font pas dans la sobriété et mettent du baume au cœur quelle que soit votre humeur. Si vous passez le midi, on vous recommande les quiches maisons et les soupes de saison. En ce moment c’est potimarron, chèvre, miel et noisettes torréfiées. En fonction de la météo, on peut déjeuner sur place ou dans le square Louise Michel. Côté sucré, vous ne pourrez pas être déçu par le flan Parisien à la vanille de Madagascar, réalisé sans œufs. Ni par les croissants pur beurre aux notes de miel de fleurs. Et encore moins par le Paris-Brest praliné aux noisettes caramélisées.
Mais l’expérience ne s’arrête pas à croquer dans un roulé chocolat-cannelle. Ce qui fait toute la différence c’est que la boutique se transforme deux fois par saison. À chaque nouvelle thématique Félicité renouvelle sa gamme de pâtisseries-maisons, accueille des artistes de tous horizons et propose au public de participer à des ateliers de créations. Et pour lancer le printemps, la devanture fait honneur à son premier invité : l’artiste fleuriste Cyrill Tronchet. Vous aurez donc l’opportunité de créer vous-même une composition florale, de déguster un cocktail à base de fleurs et de dévorer des macarons pamplemousse-coquelicot et des sablés aux huiles essentielles. La billetterie en ligne a d’ores et déjà ouvert sur le site et le nombre de places est limitées ! Foncez !
Fort de sa mentalité d’expatrié et de son concept collaboratif, Davis invite régulièrement les acteurs du quartier à faire vivre son univers. Pour cette grande première, il a proposé à l’équipe du bar Le Bénélum d’imaginer des cocktails créatifs aux délicieuses notes florales qui seront servis lors de son atelier. Toujours dans une volonté d’échange, la boulangerie Raphaëlle lui livre chaque jour son pain et il compte bien affronter les 222 marches des escaliers de la rue Foyatier pour rencontrer les peintres de la place du Tertre. L’école Foyatier n’a pas encore donné suite à sa proposition pour que les enfants dessinent les prochaines fèves de ses galettes des rois, mais il a tout son temps. Note à nous-même pour l’année prochaine : prier pour qu’il renouvelle la frangipane chocolat et fève de tonka.