Philippe Elgée est un homme discret. Montmartrois d’adoption, il expose pour la première fois dans son quartier pas moins de 111 petits formats réalisés en moins de six mois, alors que depuis des années, il réservait le fruit de son travail à son cercle d’intimes et à ses cartons à dessins.
Sa passion pour la peinture ne date pourtant pas d’hier. Formé à l’Ecole Duperré (Ecole Supérieure des Arts Appliqués), il commence par produire des grands formats à l’acrylique. Durant dix ans, il a la chance de pouvoir peindre dans un atelier du 19e arrondissement, qui lui permet de s’exprimer physiquement à grands coups de pinceaux. Puis il rencontre l’amour, décide de fonder une famille, quitte l’atelier du 19e pour un appartement montmartrois, et par manque d’espace, troque les grandes toiles et les pinceaux contre les carnets de croquis et les crayons. En parallèle, il exerce un métier (trop) sérieux, et ne se consacre plus à sa passion qu’à ses heures perdues…
Jusqu’à ce voyage en Inde au début de l’année 2017 qui lui redonne l’envie. Il se met alors au défi de réaliser 100 dessins au gré de ses impulsions ; il y en aura finalement 111. Philippe a du mal à parler de lui et de son travail, même s’il avoue malgré tout que cela peut ressembler à une forme de transe. « Je ne sais jamais ce que je vais dessiner à l’avance. Je choisis une palette de couleurs, et je commence plusieurs dessins en même temps. Après, c’est selon mon inspiration ». Mais pourquoi plusieurs à la fois ? « Tout simplement parce qu’il faut le temps que l’encre sèche ! ». Car aujourd’hui, Philippe dessine à l’encre et à l’acrylique, mêlant parfois un peu de craie grasse ou encore de crayon.
Et le résultat est pour le moins intéressant. On y retrouve un hommage à l’expressionnisme et à l’art primitif dont il est un fervent admirateur, mais les références sont multiples. Pour autant, tous les dessins ont en commun de traiter du vivant : visages, corps, masques, animaux… d’où le nom de l’exposition Expressions et Mouvements. Si Philippe dit n’avoir aucun message à faire passer, il confesse cependant avoir voulu faire quelque chose de fort : « après, chacun interprète les dessins à sa manière ». A l’écouter parler (il avoue avoir toujours été un peu « ours » et n’avoir jamais su se vendre), il s’excuserait presque de montrer son travail…
Alors pour comprendre toute la mesure son talent, rendez-vous jusqu’au 30 juin au 26 rue Véron. Et si Philippe dit ne pas avoir de message particulier à faire passer, nous on en a un pour lui : bravo et merci !
Expressions et Mouvements
Philippe Elgée s’expose jusqu’au 30 juin au 26 rue Véron
Tous les jours de 18h à 21h
Samedi 24 et dimanche 25 de 11h à 20h