« L’art, c’est le plus court chemin de l’homme à l’homme ». Cette citation d’André Malraux illustre parfaitement ce qui se passe depuis quelques jours rue Androuet. En effet, si vous êtes récemment passés par là, un homme masqué vous aura peut-être demandé de dessiner sur les murs, et ainsi de participer à une œuvre collective 100% montmartroise qui continue d’enchanter « notre » rue, devenue incontournable dans les parcours de street-art parisien.
Cet homme masqué, c’est Den End, l’artiste qui expose jusqu’au 30 août prochain au 4 rue Androuet. Son parcours n’est pas simple, et s’il souhaite rester discret sur le sujet, on peut quand-même dire pour résumer que la galère, malheureusement, il connaît. L’art, il le côtoie depuis qu’il est tout petit, puisque son grand-père était lui même peintre, et a notamment été le professeur de Combas et Hervé di Rosa, excusez du peu ! Mais Den ne s’entend pas trop avec lui, et même si inévitablement, il pense que le travail de son grand-père l’a un peu influencé, il puise surtout son inspiration dans l’art aborigène et le pop-art : « je suis métisse, et ce qui me plaît, c’est le mélange des styles ».
Au début, il commence à dessiner sur des formats carte postale, puis il les assemble pour en faire des tableaux. Un jour, il offre une de ses œuvres à une tante qui insiste pour le payer, alors qu’il n’avait jamais pensé pouvoir gagner de l’argent avec son art. Quelque temps après, alors qu’il vit dans un foyer d’hébergement, il rencontre Mehtab Ali, peintre pakistanais qui lui propose de collaborer sur l’une de ses œuvres grand format. Et là, c’est le déclic, parce qu’alors qu’il pensait qu’à 30 ans, c’était trop tard pour envisager d’en faire un métier, il réalise que ce qui l’intéresse vraiment dans sa démarche artistique, c’est l’échange, le partage et la solidarité.
Il se met alors à communiquer sur les réseaux sociaux, et commence à être repéré par plusieurs marques qui lui proposent des collaborations. Bien qu’il continue à faire des tableaux, pour lui l’art a sa place partout et doit s’exprimer ailleurs que sur des toiles. Il est alors soutenu par Le Carillon, association qui vient en aide aux sans-abris en permettant aux commerçants et aux particuliers d’offrir un certain nombre de services gratuits (possibilité d’aller aux toilettes, de recharger son téléphone, mais également boire ou manger) à ceux qui en ont besoin. C’est ainsi que durant tout l’été, grâce à Eva Léandre et StudiosParis Gallery, Den End a la possibilité d’exposer et de vendre son travail dans l’une des galeries éphémères de la rue Androuet, mais également de loger sur place.
S’il a déjà participé à des expositions collectives, c’est la première fois qu’il est seul et que le public peut mesurer toute la palette de son talent. Par pudeur, il se cache sous un masque, marquant ainsi la frontière entre celui qu’il a été et celui qu’il est devenu, mais sa générosité s’exprime autant par la profusion des formes et des couleurs qui constituent son travail que par son attitude à l’égard du public. Il est street-artist parce qu’il vient de la rue, mais l’art de la rue appartient à tout le monde. C’est pourquoi il a eu l’idée de demander aux passants de participer à son œuvre en coloriant la trame qu’il avait dessiné sur les murs. Et ce sont aujourd’hui des centaines de montmartrois ou de touristes de passage qui ont laissé leur empreinte dans la rue Androuet. Et parce qu’on est aux premières loges, on ne peut qu’exprimer un immense merci !
Den End – Couleurs Malicieuses
Jusqu’au 30 août au 4 rue Androuet