La rue Androuet est peut-être l’une des plus petites rues de Montmartre, mais certainement aussi l’une des plus connues, sans que l’on mémorise forcément son nom. Elle attire en effet les touristes du monde entier venus voir la fameuse « épicerie d’Amélie Poulain », mais également depuis plusieurs mois les curieux et autres amateurs d’art contemporain à l’occasion d’événements éphémères organisés par les Studios de Paris. Souvenez-vous en juillet dernier, la rue avait même carrément été rebaptisée rue de la Flandre durant une semaine !
A l’origine de ces projets, on trouve Eva Leandre, qui fonde en 2004 une agence de location saisonnière d’appartements d’exception. Mais au fond d’elle, Eva n’a pas l’âme d’un agent immobilier, et même si son agence devient rapidement une référence dans la profession, elle diversifie les activités des Studios de Paris en ouvrant une première galerie à l’angle de la rue Androuet et de la rue des Trois Frères. Car Eva, ancienne danseuse classique mais également écrivain (son livre, Paris Montmartre avec Amour, est sorti en 2008), est une véritable esthète, et revendique son ambition de créer de la beauté tout autour d’elle. Progressivement, elle récupère les boutiques et les pas de portes de la rue Androuet et les « rhabille » aux couleurs des Studios de Paris, pour créer un concept innovant et novateur : celui des « live-in » galeries.
Les studios de la rue Androuet accueillent désormais régulièrement des artistes qui peuvent non seulement y exposer leurs œuvres mais y vivre ponctuellement. On peut aussi, sans être peintre ou photographe par exemple, s’offrir une nuit dans une galerie d’art ; tout un programme…
Enfin, de façon plus occasionnelle, la rue Androuet devient le théâtre d’événements festifs et artistiques, et se transforme en « pop-up street », sorte de musée à ciel ouvert, comme en juillet dernier pour la fameuse rue de la Flandre ou plus récemment lors de la récente édition de Paris Artistes en octobre, où durant trois jours, plusieurs artistes ont à la fois exposé mais également réalisé des happening créatifs que l’on peut encore admirer sur les murs de la rue.
Actuellement, Les Studios de Paris participent au Parcours Dix-Huit, et accueillent plusieurs photographes dont on peut admirer les œuvres jusqu’au 15 décembre :
Festina Lente – 1000 barbus par Olivier Vinot
– 52 rue des Trois Frères –
Inspiré par l’adage Festina Lente, signifiant « hâte-toi lentement », Olivier Vinot s’est lancé dans une série de 1000 portraits d’hommes barbus, l’idée étant de les représenter dans toute leur diversité en faisant abstraction d’une quelconque connotation culturelle et sociale. Le résultat est particulièrement impressionnant, et l’on se surprend à vouloir savoir qui sont ces hommes et quelle est leur histoire.
Instants – Gaëlle Rapp Tronquit
– 2 rue Androuet –
Tenter de saisir un instant parmi des milliers, tel est le sens du travail de Gaëlle Rapp Tronquit, qui joue avec délicatesse sur le hasard des espaces, des proportions, de la lumière et des couleurs. Chaque photographie est le reflet d’une infinie poésie, et une véritable ode à la vie.
Undiscovered – Henrietta Nielsen
4B rue Androuet
L’artiste danoise expose dans la galerie qui porte son nom (une de ses photographies est en effet incrustée dans le mur de la salle de bains du studio). Son travail sur la matière et les superpositions rend son œuvre à la fois abstraite et mystérieuse, proche de l’art pictural. Pourtant il s’agit bien de photographies.
Hervé Perdriel
– 6 rue Androuet –
Un peu à la manière d’un « peintre virtuel », Hervé Perdriel utilise la matière pour composer des portraits sur fond noir, dans lesquels chacun pourra trouver une interprétation différente.
Jean-Michel Berts
– 5 rue Androuet –
Après un passage par le monde de la publicité, Jean-Michel Berts réalise aujourd’hui des portraits de villes, natures mortes de paysages urbains dans lesquels on ne croise pas âme qui vive ; des clichés d’une puissance remarquable.
Arty et vivante, la rue Androuet l’est définitivement aujourd’hui grâce aux Studios de Paris.