La Villa des Platanes est sans doute l’un des endroits les plus secrets de Montmartre, mais surtout l’un de ceux auxquels on s’attend le moins quand on arpente le boulevard de Clichy. Bien sûr, les plus observateurs auront sans doute remarqué la très belle façade en pierres et briques du numéro 58-60 avec ses bow-windows semi-circulaires, mais ceux qui auront eu la curiosité de jeter un œil au travers des deux grilles en fer forgé auront découvert un lieu pour le moins magique et hors du temps, exclusivement accessible aux résidents et aux rares privilégiés qui sauront montrer patte blanche.
On peut en effet y découvrir un incroyable bâtiment doté d’un impressionnant escalier à deux volées en forme de fer à cheval, flanqué de deux torchères. Mais ce n’est pas tout car en réalité, la Villa se compose de plusieurs corps de bâtiments, de jardins et d’une dizaine de petites maisons et d’ateliers d’artistes ! En revanche, il est presque aussi difficile d’y pénétrer que d’obtenir des informations fiables sur son histoire. Ce dont on est certain, c’est que la Villa a été construite vers 1895 par l’architecte Edmond Deloeuvre, qui s’est largement inspiré du style Renaissance : colonnes baguées, cannelées et rudentées, façades de brique rouge équipées de croisillons noirs, plafonds à caissons, fronton brisé richement sculpté ; voilà qui en jette !
Peut-être lirez-vous ici ou là quelques articles faisant mention de bas-reliefs sculptés évoquant les événements de la Commune. On a eu beau chercher, on n’en a trouvé que deux qui, vous nous l’accorderez, n’ont pas grand-chose à voir avec cet événement. Le mystère reste donc entier pour l’instant…
Ce qui est plus certain en revanche, c’est que la Villa des Platanes, dont la parcelle s’étend jusqu’à la rue Robert Planquette, ancienne rue des Tilleuls, a été construite sur l’enclos Lucas, connu en son temps sous le nom de La Californie. Celui-ci abritait depuis 1830 la Villa des Tilleuls, typique des fameuses maisons de campagne ou « folies » que se faisaient à l’époque construire les riches bourgeois. On dit que Marie Duplessis, la maîtresse d’Alexandre Dumas fils qui inspira le personnage de la Dame aux Camélias, y vécut.
Ainsi, entre le boulevard de Clichy et la rue Robert Planquette, on trouve une succession de bâtiments construits entre 1860 et 1890, où près de 400 chanceux vivent encore aujourd’hui ! Des habitants bien décidés à préserver leur paradis, et où des règles assez strictes doivent être respectées. Parmi eux, on compte l’écrivaine Nadine Monfils ou encore le réalisateur Jean-Pierre Jeunet. Il est malheureusement interdit de visiter la Villa, ce qu’on peut aisément comprendre, mais on vous donne l’info : quelques ateliers d’artistes ouvrent leurs portes une à deux fois par an ; promis, on vous tiendra au courant !