Aujourd’hui, rares sont ceux qui n’utilisent pas leur smartphone pour faire des photographies, mais rares sont aussi ceux qui en ont fait un art. C’est pourtant le cas de Clarisse Debout, iphonographeuse, qui expose ses œuvres à l’Atelier Véron du 12 décembre au 21 janvier prochain : des photos comme des tableaux, où les outils numériques ont remplacé le pinceau.
Clarisse a toujours fait de la photographie, et a même déjà exposé en galerie. Pourtant, lorsqu’elle découvre il y a environ cinq ans la photographie mobile, la discipline devient pour elle comme une drogue. D’abord parce qu’avec son téléphone, elle peut shooter partout, tous les jours et à n’importe quel moment de la journée, ensuite parce qu’elle entretient une relation tactile avec l’écran. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Clarisse s’est toujours sentie limitée par la photographie traditionnelle et détestait surtout le travail de retouche. Les nombreuses applications qu’elle utilise désormais pour travailler ses clichés lui permettent d’influer sur les textures, les contrastes, les reliefs, de manière à la fois extrêmement précise et instinctive.
« J’aime focaliser mon attention sur un point précis, un détail, tout ce qui est petit, et plus c’est petit, plus je me concentre au point que cela en devient limite hypnotique. Et surtout j’ai besoin de toucher… » Des sensations proches de celles de la mosaïque romaine, activité qu’elle a pratiqué avant la photographie. Un travail qui passe donc par les mains, mais évidemment aussi par l’œil, bien qu’elle avoue avoir une très mauvaise vue ! « Pour moi, le sujet n’est pas déterminant, je suis surtout sensible à la lumière et aux contrastes ».
C’est entre autre pour cette raison que Clarisse photographie principalement des paysages et concède être plus mal à l’aise avec les gens, qu’elle photographie souvent de dos. « Je suis quelqu’un d’assez sauvage, et je n’aime pas me dévoiler. Je vis à la campagne, et c’est pour moi un terrain de jeu infini. Comme en peinture, j’aime tout ce qui est intemporel, c’est pour ça que j’admire particulièrement les impressionnistes, même si je m’intéresse de plus en plus à l’art moderne. » Ainsi, qui pourrait affirmer en regardant ce paysage de campagne, qu’il s’agit bel et bien d’une photographie ? C’est à s’y méprendre, mais Clarisse ne néglige aucun détail, allant jusqu’à faire ses propres tirages et à sélectionner elle-même ses papiers.
Si l’iphonographie n’en est qu’à ses balbutiements, Clarisse Debout en est déjà l’une de ses dignes représentantes, bien qu’elle ait encore l’impression de n’en être qu’à ses début. Pour se lancer, elle a d’abord intégré un collectif belge puis a commencé à poster plusieurs de ses photos sur des groupes Après avoir répondu à un appel d’offre, elle est sélectionnée pour illustrer l’affiche d’un colloque organisé par La Sorbonne sur l’art émergent, et Photo Magazine a choisi une de ses photos pour illustrer un article sur les tendances de la photo artistique mobile. Depuis, la photographe expérimente tous les jours, et expose aujourd’hui à Montmartre. C’est une occasion unique de découvrir son travail qui, c’est certain, ne laissera personne indifférent.
Clarisse Debout à l’Atelier Véron
Du 12 décembre 2019 au 21 janvier 2020
Crédits photos : Clarisse Debout – Tous droits réservés