Margaux a plein de passions, dont une vocation : la décoration. Rien ne la destinait à en faire son métier, encore moins à Montmartre. Mais on doit vous avouer qu’on est bien contentes que son chemin l’ait menée jusqu’aux Abbesses. Parce que sa boutique fait partie de ces endroits aux vibes parfaites, qu’on a très vite noté dans notre carnet d’adresses. Bienvenue chez Atelier mahd, qui compile mobilier sur-mesure, créateurs engagés et brocante bon-marché.
Quand on pousse la porte de l’Atelier mahd, on se laisse bercer par les premières notes de « Là-Haut » chanté par L’Impératrice et ça colle plutôt bien à Margaux. Originaire de Combloux, un petit village de montagne à mi-chemin entre Megève et Chamonix, cette ancienne compétitrice puis monitrice de ski avance dans la vie comme une descente en slalom. À l’âge de 25 ans, elle rejoint l’affaire familiale avec sa mère : un hôtel-restaurant typiquement Savoyard datant de 200 ans. Officiellement assistante de direction, elle ne peut s’empêcher de tout changer de place et de réinventer les espaces. Loin d’avoir froid aux yeux, Margaux enchaîne des journées de 14 heures pendant quatre ans avant que l’hôtel ne soit finalement vendu car la famille aspire à de nouvelles aventures. Elle décide alors de monter à Paris pour se former au design d’intérieur. Et contre toute attente, la ville la séduit comme un bon verre de vin chaud. Son diplôme en poche, parmi les multiples opportunités qui s’offrent à elle, l’idée d’ouvrir son propre atelier/boutique arrive en tête du podium.
Vous l’aurez compris, en tant que bonne Savoyarde, ça n’est donc pas vraiment par hasard que Margaux se retrouve à visiter des locaux sur l’un des versants de la Butte Montmartre pour retrouver un peu de hauteur. En totale acceptation de sa condition de touriste, elle est encore plus émerveillée par le quartier en y mettant les pieds ; mais encore s’agit-il de trouver une adresse qui fasse l’affaire. Il n’y en aura qu’une : la première. Le 2 rue Piemontesi la transfigure. Elle en visite tout de même quinze autres derrière pour être sûre d’elle, et passe des heures à épier depuis la baie vitrée du café d’en face les passants qui montent et redescendent la pente de la rue Houdon. Convaincue, elle signe le bail et, tout schuss, elle s(‘é)lance.
« J’ai pris un peu d’altitude en m’installant sur la Butte. Montmartre, ça me rappelle mon village de montagne. »
Pourquoi vouloir mixer le contemporain et l’ancien à tout prix ? Pour combler un réel besoin de créer un univers singulier où les époques slaloment entre elles. Sa boutique se remplit peu à peu d’objets qui réchauffent le cœur et l’esprit : des pépites vintage, mais aussi des coussins en laine suédoise qui sentent encore la chèvre, des bougies au Cognac et à la vanille, des étagères en bois de bouleau, jusqu’au feu qui crépite… sur l’iPad à la caisse ! Et dès le premier week-end, c’est un véritable succès.
Pendant qu’on l’interviewe, on l’entend dire à l’un de ses clients : « L’intérêt du vintage, c’est d’en faire dériver la fonction à l’infini ». Et on peut lui faire confiance. Margaux a un don pour redonner une seconde vie aux choses. Elle ne compte plus les week-ends dont elle a sciemment orienté l’itinéraire pour faire une halte dans une brocante ou un petit vide-grenier qu’elle avait repéré. Chaque objet qu’elle trouve a été déniché avec passion et ces trouvailles chargées d’histoire contribuent au petit supplément d’âme de sa boutique.
Mais Margaux sait aussi se servir de ses mains. Elle a lancé sa propre ligne de mobilier et collabore avec un menuisier et ami de longue date originaire de Combloux, son village natal. Ses créations sont majoritairement en bois brut, agrémentées de matières inattendues comme le terrazzo en plastique recyclé qu’elle plaque sur du chêne, du sapin ou encore du bois MDF teinté dans la masse et très coloré ; des meubles au look très Charlotte Perriand, jouant sur les lignes géométriques avec un chouette côté sixties. Et on vous avoue qu’on a pu s’empêcher de sourire en apprenant que la célèbre designeuse française qui l’inspire depuis toujours a tout simplement été l’architecte de la station des Arcs de 1967 à 1989 !
Pour réunir ses créateurs, Margaux fonctionne au coup de coeur. Pour n’en citer que quelques uns parmi la vingtaine actuellement présents, on trouve de l’art de la table en coquillages revalorisés par Malàkio, des céramiques tournées dans le 18e à La Manufacture Sauvage et une collab’ avec Mijuin qui fabrique ses sacs en lin dans une ancienne friche en Normandie. Mais aussi des marques plus haut de gamme comme les pièces textiles de MAMA, dont les fondatrices se sont rencontrées chez Balmain. Les nombreux allers-retours entre Paris et la Savoie influencent également l’univers de la boutique, avec de la vaisselle en bois tourné façonnée par Lauriane J sur la route de Megève, ou encore les couteaux de la traditionnelle marque Savoyarde « Opinel » dont son grand-père était fan.
À venir, des évènements de haute-saison, comme des dîners entre Montmartrois, des cercles de femmes avec Bene Tibi et des résidences le dimanche avec des créatrices invitées. Margaux propose aussi des missions en tant que décoratrice d’intérieur. Elle vient d’ailleurs de finir un chantier dans le quartier et s’envole très prochainement pour conseiller l’aménagement d’un écolodge au Galápagos pendant 3 semaines. Son ascension n’en est qu’à ses débuts et on ne peut s’empêcher de penser à cette citation : « L’ambition est comme un torrent et ne regarde pas derrière soi », qui s’applique particulièrement bien à sa personnalité, véritable couteau suisse. Ou plutôt… Savoyard !
*La Savoyarde est le nom de la cloche du Sacré-Coeur