En passant par la rue d’Orchampt, vous aurez peut-être remarqué son atelier au N°6. Et pour peu que vous soyez un peu curieux, vous aurez regardé par la fenêtre ou même poussé la porte et ainsi découvert l’univers d’Annie Meunier ; un univers haut en couleur, reflet de sa personnalité. Car en plus d’être une véritable artiste, Annie est une femme hors du commun, complexe et mystérieuse, mais surtout terriblement attachante…
Il y a un peu moins de 30 ans, Annie s’installe à Montmartre, poussée par un ami persuadé que le quartier est fait pour elle. A l’époque, à la tête de son propre cabinet de recrutement de cadres dirigeants, elle est une vraie business woman, autant respectée que redoutée. Elle emménage dans un très bel atelier d’artiste sous verrière rue Lepic, et s’attache progressivement à la Butte sans réaliser à quel point son atmosphère si particulière va progressivement bouleverser sa vie.
A l’aube des années 2000, tout bascule, et elle met fin à sa carrière de working girl suite à un burnout retentissant. Elle se soigne et entame une psychanalyse qui fait ressurgir sa sensibilité artistique profonde. Elle commence alors à peindre, d’abord à l’huile, puis réalise un dessin à la plume du square de la rue Burq, parce que Montmartre l’inspire. Entre temps, elle a quitté la rue Lepic et s’est installée rue d’Orchampt, pour laquelle elle a eu un véritable coup de foudre : « Lorsque j’ai découvert cette rue, c’est comme si mon cerveau avait fait un arrêt sur image. Il faisait beau, la lumière était incroyable, et d’une fenêtre ouverte, on entendait des notes de piano… Cela s’est imposé comme une évidence, c’était ici chez moi ! ».
Après l’encre, elle s’essaie à la sanguine, qu’elle achète rue Ravignan chez Marcel. Un jour, elle lui dit qu’elle aimerait bien plus de couleurs, et il lui conseille de tester les pastels. Nouvelle révélation, car tout lui plaît dans cette technique. Les couleurs d’abord, mais aussi le geste, qui s’apparente un peu à la sculpture. Elle compose un premier tableau qu’elle montre à son psychanalyste, lequel l’encourage non seulement à poursuivre dans cette voie, mais également à prendre des cours, ce qu’elle fait avec Diane de Valou. Annie Meunier renaît, et entame dès lors sa nouvelle vie d’artiste.
Depuis, son style a évolué du figuratif vers l’abstrait. Au début, elle a beaucoup peint le quartier : « je trouve Montmartre d’une beauté incroyable. J’aime son côté cabossé, et puis son énergie créative qui me porte et sur laquelle je peux m’appuyer. » Progressivement, son style s’est libéré, l’artiste s’est affranchie des contraintes, et s’autorise désormais une plus grande liberté. A en croire Claude, sa meilleure amie, montmartroise elle aussi, Annie a toujours été dans la profusion : « c’est une vraie boule d’énergie, qui possède une capacité d’imagination sans bornes. Son autorité est aussi forte que sa sensibilité, mais surtout sa propension à la joie est très forte. » Des traits de caractère qui éclatent dans son œuvre, tant par l’abondance des couleurs que par l’audace du trait.
Comme tous les vrais artistes, Annie se remet continuellement en question, et alterne entre des périodes d’inspiration intenses et d’autres moins prolifiques. Nul ne sait vers quoi sa peinture évoluera dans les prochains mois, pas même elle, mais sa maîtrise résolument audacieuse des couleurs restera à coup sûr toujours aussi fascinante. Aujourd’hui, Annie Meunier vit et peint toujours dans son atelier de la rue d’Orchampt ; n’hésitez pas à lui rendre visite, vous serez toujours les bienvenus !