Bien que Montmartre garde encore de nombreuses traces de son passé, qui lui confèrent son charme unique, beaucoup de maisons et de bâtiments ont malheureusement totalement disparu. Certains ont parfois été remplacés par des immeubles tristement modernes… Retour sur un passé aujourd’hui évanoui.
Sur le chœur désaffecté de l’Eglise Saint-Pierre, devenue propriété nationale à la Révolution, fut ajoutée en 1794 une tour supportant un relais du télégraphe de Chappe, comptant parmi l’une des seize stations reliant Lille à Paris. En activité jusqu’en 1844, le télégraphe fut détruit par un incendie. La tour sera quant à elle abattue en 1866.
Construite en 1859 à l’emplacement de l’ancien moulin dit de la Lancette, à l’angle des actuelles rues du Chevalier de la Barre et Lamarck, La Tour Montmartre, ou Tour de Solférino était un restaurant d’où l’on pouvait admirer une vue exceptionnelle sur Paris, moyennant quelques sous. Etêtée en 1870 afin de ne pas servir de point de repère pour l’artillerie allemande, elle fut détruite en 1874 après avoir été pillée.
Située au 7 rue Saint-Vincent, la maison au Toit de Chaume était, disait-on, le lieu de rendez-vous du roi Henri IV et de Gabrielle d’Estrées. Elle fut démolie en 1908.
Construite en 1823 au 18 rue du Mont-Cenis, Mimi Pinson, héroïne d’un conte publié par Alfred de Musset en 1845, en deviendra virtuellement la propriétaire grâce à la Vachalcade de 1897 où l’un des chars reproduisait le chien-assis du toit de la maison. Elle figure sur de nombreuses cartes postales et fut également un sujet très apprécié des peintres de la Butte. Kees Van Dongen disait même l’avoir habitée à son arrivée à Montmartre. C’est dans ce que fut son jardin qu’a été construit en 1927 le nouveau château d’eau de Montmartre (actuel Square Claude Charpentier).
Un peu plus bas, le compositeur Hector Berlioz et son épouse, l’actrice irlandaise Henriette Constance Smithson s’installèrent en 1834 dans une petite maison à l’angle de la rue Saint-Vincent et de la rue du Mont-Cenis (ancienne rue Saint-Denis), où naquit leur fils Louis. Il y recevait ses amis Liszt et Chopin entre autres, et y composa parmi ses plus grandes œuvres. La maison et le jardin furent rasés en 1925.
Typique de ce que fut le Maquis de Montmartre, la Tour du Philosophe n’était en fait qu’une construction en bois de forme cylindrique, composée de deux pièces sans confort et d’un balcon donnant sur le terrain vague. Elle prit le nom de philosophe car son occupant passait de longues heures dans son jardinet perdu dans ses pensées. Située Impasse Girardon, elle disparut au moment du percement de l’avenue Junot au début du XXe siècle.
C’est sur un terrain vague que s’installe, à l’angle de la rue des Martyrs et du boulevard Rochechouart, la troupe ambulante de Fernando, où celui-ci fera construire un cirque qui ouvrira ses portes en 1875. Le lieu, fréquenté par les nombreux artistes du quartier, devient vite à la mode. Pourtant, face à de graves difficultés financières, Fernando confie la direction du cirque au clown Géronimo Médrano, qui lui donne son nouveau nom. Le cirque, parmi les plus beaux de Paris, a été détruit en 1973 pour laisser place à un immeuble moderne.
Inauguré en 1900, le bâtiment de style Belle Epoque abrite une salle contenant 7000 places autour d’une piste de 70 mètres de long sur 35 mètres de large. En 1911, l’Hippodrome est racheté par Léon Gaumont et devient de Gaumont Palace. Détruit en 1930, il fait place un an plus tard à un bâtiment de style Art-Déco qui devient alors le plus grand cinéma du monde. En 1973, il est entièrement rasé au profit d’un centre commercial et de l’actuel hôtel Mercure Paris Montmartre.
Les moulins, qui ont fait la légende de Montmartre, sont apparus au XVIe siècle et ont été au nombre de quatorze ou quinze selon les sources. Il n’en subsiste aujourd’hui que deux rue Lepic : le Blute Fin et le Radet.
Construite sur un terrain donnant sur la rue des Abbesses et la rue La Vieuville, la mairie de Montmartre fut inaugurée en 1837. Le bâtiment, percé au rez-de-chaussée d’une porte centrale et de trois fenêtres de chaque côté, comportait deux étages surmontés d’un lanternon portant une horloge. Le bâtiment fut détruit en 1896.