« Le choix d’exister, c’est décider entre se reposer ou être libre, car ce sont finalement les seules possibilités offertes pour construire notre existence ». Tel est le postulat du dernier essai de Xavier Pavie, professeur à L’ESSEC Business School, chercheur associé à l’IREPH (Institut de Recherches Philosophiques) de l’université Paris-Ouest, et montmartrois depuis 10 ans. C’est, avouons-le, principalement pour cette raison que nous avons eu envie de le rencontrer, d’autant que très présent sur les réseaux sociaux, il nous semblait être un montmartrois convaincu et engagé. Il se trouve qu’en plus, la lecture de son essai nous a passionné, et qu’au fil de la discussion, il est apparu comme une évidence que nombre de valeurs typiquement montmartroises relevaient également de ce choix d’exister.
Xavier Pavie évoque d’ailleurs souvent Montmartre dans son ouvrage, car beaucoup de choses sur la Butte rappellent par exemple les exercices spirituels, comme le regard d’en haut « Ce regard d’en haut est notre capacité à nous extraire, nous sortir, nous dépasser, prendre de la hauteur, se transcender. Ce regard d’en haut est tout à fait similaire à celui que nous pouvons ressentir lorsque nous grimpons en haut d’une colline, au Sacré-Cœur de Montmartre ou en regardant par un hublot d’avion ».
Les notions de communauté et de vivre ensemble font également partie des valeurs fortes communes entre la Butte et la spiritualité. En prenant pour exemple la République de Montmartre, Xavier met en exergue la réconciliation entre art et vie de tous les jours, principe fondateur de la République de Montmartre, ainsi que celui d’aider les autres en prenant soin de soi-même, avec pour devise « faire le bien dans la joie ».
« En fait, à bien y réfléchir, tout fonctionne à Montmartre, et c’est un vrai lieu d’exercice spirituel. Tout est source de questionnement et d’apprentissage. Prenez par exemple Louise Michel, militante anarchiste, franc-maçonne, figure majeure de la Commune de Paris, dont le square au pied du Sacré-Cœur porte le nom ; une situation pour le moins paradoxale ! »
En écoutant Xavier, on comprend assez vite que s’il a choisi de s’installer à Montmartre, ce n’est pas par hasard, et que là encore, il s’agit d’un vrai choix : « J’aime Montmartre parce qu’on y côtoie des profils bien vivants. Beaucoup ont une vision trop passéiste et nostalgique du quartier, alors que tout ce qui a fait Montmartre existe toujours. Et puis parfois, j’ai aussi ce sentiment étrange, lorsque je traverse la Place du Tertre déserte au petit matin, d’être ailleurs et de ne plus exister… ».
Parmi ses endroits préférés sur la Butte, Xavier nous a aussi parlé du Parc de la Turlure, où il aime se ressourcer, où encore de la rue de l’Abreuvoir « à cause de sa perspective incroyable mais aussi des seins de Dalida ! ».
Vous l’aurez compris, Xavier Pavie est un homme absolument passionnant, et l’on se prendrait vite au jeu d’avoir envie de retourner sur les bancs de l’Université pour avoir la chance de suivre ses cours. En décembre dernier, le sujet d’étude donné à ses étudiants de l’ESSEC était d’ailleurs « un touriste est-il un client ? le cas Montmartre » ; c’est vous dire si le quartier est au cœur de ses réflexions. A défaut de l’avoir pour professeur, nous vous recommandons vivement la lecture du « Choix d’exister », en attendant peut-être un jour un ouvrage exclusivement consacré à Montmartre ; en tout cas l’idée est lancée…
Crédits photos : Xavier Pavie