Il avait énormément plu ce matin là sur Montmartre. Pourtant, vers 10h, les premiers rayons commençèrent à percer les nuages pour que finalement ce Ban des Vendanges 2014 se déroule sous un très beau soleil. Comme chaque année, il y avait foule devant l’entrée du Clos Montmartre, où seuls quelques privilégiés auraient finalement le droit d’entrer. Vu de l’intérieur, et malgré la bienveillance des organisateurs, c’est toujours un peu la foire d’empoigne… On le sait, l’endroit n’est pas grand, et entre les photographes, les membres des confréries en habits, les officiels et quelques invités, ça se bouscule rapidement entre les rangs de vigne !
Une fois les photographes installés devant l’estrade, on fait rentrer les poulbots, puis les membres de la République de Montmartre, ceux du Clos Montmartre, les Compagnons de la Butte, puis les confréries invitées. « Je suis désolée, mais nous on a les deuxième et troisième rangs, pas le quatrième » s’énerve soudain l’une des membres des Compagnons de la Butte, pendant qu’une autre commente l’embonpoint de l’ancien maire du 18e alors qu’une troisième se prend un coup de drapeau sur la tête.
Il y a foule aussi sur l’estrade, où l’on joue du coude pour être sur la photo, mais également au pied où certains plus zélés que d’autres prennent place, ce qui n’est pas du goût de tous « s’il vous plaît madame, pourriez-vous avoir la courtoisie de faire un pas sur le côté ?« , « Et pourquoi ? J’étais là avant vous (euh non pas vraiment, on a tout vu), j’y suis, j’y reste ! » « Mais un pas, ce n’est rien ? » « J’ai dit non c’est non ! » ; on a même cru qu’elles allaient en venir aux mains ! Pendant ce temps, un membre de la République de Montmartre en profitait pour glisser sa carte de visite dans la poche d’une jolie photographe (ça aussi on l’a bien vu), alors qu’arrivait Sandrine Bonnaire, marraine de cette 81e édition de la Fête des Vendanges de Montmartre ; une Sandrine Bonnaire radieuse, dont le sourire aurait illuminé les vignes à lui tout seul si le soleil n’avait pas été au rendez-vous.
Et puis Jacques Higelin, son complice parrain de la Fête, a fini par arriver, en retard c’est vrai, mais son humour et sa gentillesse ont vite fait oublier à l’assistance qu’on l’avait « un peu » attendu… Dans une envolée lyrique digne du grand artiste qu’il est, il a rappelé à quel point il était heureux d’être là, dans ces vignes qui l’avaient longtemps fait rêver, et si près du Lapin Agile devant lequel il s’était souvent assis en pensant aux illustres poètes qui y étaient passés. Il l’a dit, il aime le côté frondeur des montmartrois, leur esprit de révolte et de liberté (« déclarons la guerre à Paris ! »), et même cette « horrible piquette », en tout cas ce vin si différent qu’il avait hâte de goûter…
Sandrine Bonnaire est restée plus sobre (sans mauvais jeu de mots), mais en tant que montmartroise, elle a rappelé combien elle aimait profondément son quartier « parce qu’ici les gens se parlent ».
Un hommage soutenu a été rendu à Suzanne Denglos-Fau, poète montmartroise et présidente de la République de Montmartre jusqu’en 2002, puis à Bernard Dimey grâce au texte dit par Bernard Beaufrère, garde champêtre de la République de Montmartre. A noter également le très beau poème lu par Marielle-Frédérique Turpaud, Maire de la Commune Libre de Montmartre.
Place ensuite à la traditionnelle séance photo dans les vignes, digne d’un tapis rouge cannois, durant laquelle certains photographes ont trop vite oublié qu’ils étaient dans un endroit fragile. On sait malheureusement qu’il faudra des semaines aux jardiniers pour remettre en état le terrain (c’est la même chose tous les ans), et c’est dommage que chacun n’y mette pas un peu du sien pour respecter ce site désormais classé, rappelons-le, parmi les Oasis Nature.
Mais les photos sont belles, et ce Ban des Vendanges 2014 restera dans beaucoup de mémoires, notamment grâce à ce petit moment de grâce offert par Jacques Higelin à la fin de la cérémonie…